Wilhelm Walter Friedrich Kempff est né le 25 novembre 1895 à Jüterbog. En 1901, il donne son premier concert, au sein du Schmidt’schen Musikinstitut, en interprétant une Sonate de Mozart. À l’âge de neuf ans, le jeune pianiste rencontre Georg Schumann, Directeur de la Berliner Singakademie, qui, impressionné par son jeu, le recommande à divers professeurs, dont Heinrich Barth et Robert Kahn, élève de Brahms, pour la composition.
Wilhelm Kempff s’intéresse aussi à la composition, et en 1907, lors de son premier récital au Palais Barberini de Potsdam, sous les yeux d’Ida Schmidt-Schlesicke, il interprète plusieurs de ses compositions, ainsi que des improvisations, basées sur des thèmes « commandés » directement par le public ! En 1911, il achève ses premières grandes œuvres « sérieuses », dont le Trio avec Piano en sol mineur et la Sonate pour Violon en la majeur.
Le jeune musicien se dévoue alors presque entièrement à la composition. En 1915, il rencontre le grand compositeur allemand de l’époque, Richard Strauss. Âgé de vingt-deux ans seulement, Wilhelm Kempff finit ses études à Berlin avec des diplômes de soliste, de composition et d’organiste et part pour ses premières tournées, en Scandinavie et en Allemagne. Les trois années suivantes, le pianiste se partage entre les salles de concerts et la composition.
En 1920, il rencontre Jean Sibelius en Finlande. De retour en Allemagne, il enregistre pour Deutsche Grammophon, entre autres, la Bagatelle en do majeur op. 33 de Beethoven, ainsi que des pièces de Bach, Mozart, Mendelssohn, Schumann et Schubert. En 1923, il rencontre la « star montante » de la direction d’orchestre en Allemagne, Wilhelm Furtwängler, qui prévoit de créer le Divertimento composé par Kempff quelques mois auparavant.
En 1931, Kempff finit son opéra König Midas (Le Roi Midas), et fonde les Cours d’été du Marmorpalais de Potsdam, en compagnie de Schünemann, Schillings, Fischer, Kulenkampff, Gieseking, Elly Ney… Alors que les Nazis arrivent au pouvoir, Kempff est en tournée en Grèce sous la baguette de Dimitri Mitropoulos, dans le Concerto en do majeur KV 467 de Mozart. Après être rentré en Allemagne, il donne la première de son nouvel opéra, Familie Gozzi, op. 39, et donne de nombreux concerts solistes dans tout le Reich : Remscheid, Kassel, Hannovre, Weimar, Liegnitz, Erfurt et en Italie à Naples.
Alors que la guerre éclate, la popularité et le succès de Kempff sont au plus haut : première de sa Arkadische Suite, op. 42, saluée à Dresde ; concert Schumann avec Pfitzner à Potsdam ; concerts à Rostock avec Furtwängler...
En 1947, après un cours passage devant la Commission de Dénazification, il est réhabilité et peut reprendre le chemin des salles de concerts : il crée sa Légende op. 65 pour Piano et Orchestre (première à Hanovre) et un ballet : Der Spiegel des Hamlet.
En 1950, il commence une intégrale des Sonates de Beethoven pour Deutsche Grammophon, avant de terminer son autobiographie, publiée un an plus tard aux éditions Engelhorn de Stuttgart. Après les Sonates de Beethoven, Wilhelm Kempff remporte un succès phénoménal avec les enregistrements des Concertos du même compositeur, sous la direction de Paul van Kempen. La fin des années 1950 sont consacrées en partie à la composition : Suite Epitaph op. 72 et Positano op. 73 pour orchestre à cordes…
En 1961, il enregistre l’un de ses plus grands succès discographiques : les Cinq Concertos pour Piano de Beethoven avec le Berliner Philharmoniker sous la direction de Ferdinand Leitner. Kempff fait ses débuts américains à Carnegie Hall en 1964 : les deux récitals consacrés à Beethoven, Schubert, Schumann et Brahms sont salués par la presse et le public comme « une sensationnelle et indicible réussite ». En 1966, il retourne aux États-Unis, à San Francisco, Chicago, et joue sous la direction de Leonard Bernstein à New York, dans le Concerto en do mineur de Beethoven.
L’année de ses quatre-vingts ans, il enregistre pour la télévision allemande le Concerto de Schumann avec Rafael Kubelik, et vend 250000 exemplaires de son disque consacré au Concerto en mi bémol majeur de Beethoven. En 1979, il commence sa tournée d’adieux à la scène soliste, avec un concert à Hœchst, dans le Concerto en sol majeur de Beethoven, accompagné par le Philharmonia Orchestra sous la direction d’Ashkenazy.
1982 : il met fin définitivement à sa carrière le 31 juillet, à Holzhausen. Célébré pour ses enregistrements de Schumann, Brahms, Schubert, Mozart, Bach, Liszt, Chopin, et surtout Beethoven, Wilhelm Kempff fut aussi un soliste infatigable, parcourant l’Europe, le Japon, les États-Unis.