Clara et l'œuvre de son mari reçurent alors un accueil triomphal, comme Martha ce 2 juin 2006. Cette soirée est particulière pour une autre raison : il s'agit du cent-cinquantième anniversaire de la mort de Robert Schumann (1810-1856), une date que Riccardo Chailly, directeur de l'Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, a décidé de célébrer comme il se doit. Et quelle plus belle commémoration pouvait-il imaginer qu'un concert avec la reine des pianistes, Martha Argerich ?
Avec la complicité de Riccardo Chailly, la pianiste argentine, électrisée, livre ce soir le meilleur d'elle-même, et ce n'est pas peu dire ! Fougueux, éclatant, le concerto de Schumann tourbillonne sous ses doigts jusqu'à nous emporter comme dans une tornade. En bis, elle fait au public et à son compositeur fétiche le plus beau des cadeaux : elle qui depuis longtemps ne veut plus jouer seule, donne Gens et pays étrangers, la première des Scènes d'enfants de Schumann.
Un moment de grâce infinie qui rappelle ces mots de Robert à Clara à propos des Scènes d'enfants : « Tu prendras sans doute plaisir à jouer ces petites pièces mais il te faudra oublier que tu es une virtuose. Il faudra te laisser aller à leur grâce toute simple, naturelle et sans apprêts. » Des mots que Martha Argerich a pris pour elle.
Photo : Martha Argerich © Adriano Heitmann/Immagina