En commençant par les notes du Concerto pour la main gauche, la soirée s’ouvre sur un vide, une absence silencieuse. Ce concerto est certes écrit pour la seule main gauche de l'exécutant, mais sa virtuosité ne manque guère de « véhémence tragique » (comme l'a écrit le musicologue Roland-Manuel). Puis, c’est La Valse, poème chorégraphique pour orchestre qui suit, une pièce à travers laquelle Ravel a cherché à rendre hommage à l'œuvre de Strauss. Mais la Première Guerre mondiale, qui s’achève un an avant la composition de l’œuvre, charge celle-ci d’une angoisse existentielle inédite : c’est le regard impuissant de l’art face à la destruction de la civilisation occidentale. David Kadouch poursuit avec le Concerto pour piano en sol qui, bien que créé peu de temps après le tragique Concerto pour la main gauche, se teinte de couleurs effervescentes et joyeuses. Dans le sillage de ce rythme enflammé, le concert se termine sur les notes du célébrissime Boléro. Comme une danse macabre, cette musique de ballet semble célébrer, par son mouvement circulaire et son crescendo endiablé, le triomphe de la vie sur les aléas de l’histoire.