La cheffe d’orchestre américaine Karina Canellakis (née 1981) apporte son énergie, sa précision, et sa sensibilité artistique à deux chefs-d’œuvre du XXe siècle, aux côtés d’un Orchestre de Paris au sommet de sa forme !
Si la symphonie est le genre instrumental abstrait par excellence, pourquoi Ravel, un orchestrateur formidable, a-t-il donné à Daphnis et Chloé (1912) le sous-titre de « symphonie chorégraphique » ? Destinée au ballet et inspirée de la Grèce antique, l’action suit la navigation d’un jeune couple de paysans sur l’océan de la romance et de l’amour. Le riche univers sonore de cette œuvre évocative explore les possibilités de l’orchestration, et résulte en une explosion de couleurs sonores.
Trente ans plus tard, le compositeur hongrois Béla Bartók cherche à découvrir les limites d’un autre genre, et juxtapose deux termes opposés : concerto (forme musicale avec un ou plusieurs solistes) et orchestre (formation musicale sans soliste). Son Concerto pour orchestre (1943) inclut des rythmes et mélodies folkloriques de son pays, un thème tiré de la Symphonie n° 7 de Chostakovitch, et une astucieuse répartition des motifs entre les différents groupes d’instruments (cordes, bois, cuivres et, la spécialité de Bartók, percussions). La partition a été analysée et interprétée suivant des perspectives variées, notamment comme une expression du modèle de Kübler-Ross (Beverly Lewis Parker).