Le maestro finlandais Hannu Lintu dirige l'Orchestre symphonique de la radio finlandaise dans ce cycle qui contient les sept fascinantes symphonie de son compatriote, l'immense Jean Sibelius !
« La plupart des compositeurs modernes créent des cocktails multicolores ; j'offre au public de l'eau transparente », affirme Sibelius à propos de sa Sixième Symphonie. Dans la lignée de ses Quatrième et Cinquième Symphonie plus dissonantes, la Sixième – composée en plusieurs années – montre l'incroyable créativité de Sibelius, cette fois-ci en termes de tons et de modes. Deux modes se croisent (le dorien et le do majeur, qui utilisent les mêmes moyens mais produisent des effets différents), créant une délicieuse atmosphère. A certains moments, l'usage très singulier de mélodies rappelle presque la musique de Palestrina et de Monteverdi que Sibelius avait étudiées enfant.
La partition est modelée par plusieurs événements de la vie du compositeur : la fin de la Première Guerre Mondiale ; la déclaration d'indépendance de la Russie et la guerre civile qui s'ensuit ; la tendance profondément nationaliste de Sibelius et son implication dans le débat autour de la langue nationale finlandaise ; sa rechute dans l'alcool ; sa tête chauve qui jouait sur son apparence, sa renommée grandissante en tant qu'intellectuel musicien avec de fortes idées et une certaine excentricité – un jour il dirige la Sixième à Göteborg, alors qu'il est complètement soul – ainsi que ses problèmes financiers et familiaux. Si tous ces éléments participent au caractère dramatique de son œuvre, aucun ne l'a empêché d'en trouver l'harmonie finale.
