Les opéras de Rossini mettent souvent en avant la force des femmes. C'est le cas dans L'Italienne à Alger qui au Festival de Pentecôte de Salzbourg, offre un rôle sur-mesure à Cecilia Bartoli, gage de succès pour la mezzo-soprano dotée d'un exceptionnel talent d'actrice.
L'Italienne à Alger révèle tout son humour, son rythme et sa puissance imaginative dans cette production de Moshe Leiser et Patrice Caurier au Festival de Pentecôte de Salzbourg. L'opéra bouffe de Rossini expose les faiblesses de la nature humaine et le choc des cultures. D'où le choix des metteurs en scène de pousser dans leur version, les clichés à l'extrême. La soliste star Cecilia Bartoli, dans le rôle principal, se prête volontiers au jeu.
« Cecilia adore le théâtre, elle adore se déguiser, prendre des formes, être rasée, être un homme, monter sur un singe, être une mère, arriver sur un chameau ou partir sur un missile en érection : il y a un plaisir de théâtre, » s'amuse Moshe Leiser qui avec Patrice Caurier, a l'habitude de travailler avec la mezzo-soprano. « Isabella, c'est vraiment la femme qui décide » pour Cecilia Bartoli. Dans cette « Salle dédiée à Mozart », la mezzo-soprano incarne l'Italienne Isabella qui débarque à Alger à la recherche de son fiancé. Elle tombe dans les filets du bey d'Alger qui dans cette production, apparaît sous les traits d'un mafieux. L'Italienne parviendra finalement à le manipuler grâce à son charme et sa filouterie.
« Isabella, c'est vraiment la femme qui décide, qui part, qui prend le bateau, » souligne Cecilia Bartoli. « Je pense que c'est une femme qui a envie de découvrir une nouvelle culture, une nouvelle nourriture, des gens différents qui parlent dans des langues différentes : c'est l'envie, le désir de la découverte, » estime-t-elle. « Du temps de Rossini, les femmes sont presque toujours des femmes combattantes, fortes, rusées, astucieuses, malignes : ce sont des personnages formidables, » assure le metteur en scène Moshe Leiser. « Il y a dans ce livret comique, un véritable appel à l'égalité entre hommes et femmes, » insiste-t-il. « Il y a du sang et une énergie incroyable dans la musique de Rossini » selon Patrice Caurier. « Dans une comédie, le duo d'amour n'a pas sa place parce que dans une comédie – pour le dire un peu crûment –, ce n'est pas l'amour qui est important, c'est le désir sexuel : c'est cela qui fait rire, » poursuit Moshe Leiser. Son partenaire de création Patrice Caurier renchérit : « Rossini apporte le rire dans sa musique, mais c'est surtout une force de vie qu'il y a dans sa musique, il y a du sang et une énergie incroyable qui passe dans sa musique. »
Cette énergie communicative séduit aussi l'Italienne à Salzbourg – en l'occurrence – : Rossini est le compositeur favori de Cecilia Bartoli. « Dans L'Italiana in Algeri, c'est vraiment la folie absolue, » s'enthousiasme-t-elle. « Personne n'arrive à s'y retrouver. Quand – ta ta ta da tac –,» chante-t-elle, « On est tout-à-fait dans un moment de folie pure, la folie qui nous transporte : c'est le compositeur Rossini qui est capable de nous transporter dans une dimension tellement incroyable et toujours avec effervescence, » affirme-t-elle.
Le compositeur italien Gioachino Rossini s'est éteint il y a tout juste 150 ans. Le Festival de Pentecôte de Salzbourg lui rend hommage en produisant une nouvelle version de L'Italienne à Alger parmi d'autres œuvres présentées du temps du compositeur, une idée de la directrice artistique du Festival de Pentecôte et mezzo-soprano star Cecilia Bartoli qui incarne le rôle principal de cet opéra bouffe.