Une belle maison dans la campagne verdoyante du Sussex dans le sud de l'Angleterre, entre Londres et Brighton. Surtout, un festival, l'un des évènements mondiaux de l'art lyrique.
Bienvenue à Glyndebourne ! C'est en 1934 que John Christie, riche mélomane visionnaire quelque peu excentrique, crée le festival de Glyndebourne. « Un lieu professionnel d'opéra », dit-il alors, et de qualité supérieure. Depuis, cravates noires et robes de soirée se sont mêlées au décor. Un décor qui se fige le temps de picque-niques selects. Glyndebourne est un endroit spécial comme il en existe nulle part ailleurs.
« Chaque personne que j'ai rencontrée ici et aussi la campagne environnante, l'ensemble est juste incroyablement magique », exprime la soprano Anett Fritsch. « Dès que je suis arrivée à Glyndebourne, on m'a installée et puis j'ai décidé de sortir me promener. Je me suis alors trouvée née à née avec un troupeau de moutons. Et j'ai dit, 'excusez-moi, êtes-vous sûr que je suis au bon endroit' », raconte la contralto italienne Sonia Prina.
« Il me semble que c'est une façon très civilisée d'appréhender notre art. Il est facile de croire que les gens viennent ici parce qu'ils aiment pique-niquer et boire du champagne, mais, comme je le dis souvent, c'est un pique-nique qui revient très cher. Et qui voudrait bien venir ici sans l'envie d'assister à un travail scénique remarquable ? » reconnaît le Directeur général David Pickard.
Sur les six opéras mis en scène à Glyndebourne cet été figurait Rinaldo de Haendel. Le chef d'orchestre Ottavio Dantone souligne les privilèges qui existent à travailler et vivre là. « C'est encore un des rares endroits au monde où l'on a sept semaines pour répéter et mettre sur pied un opéra. En outre, j'ai choisi de vivre dans la maison et de participer à des soirées, là où les gens parlent et boivent. Vous rencontrez alors d'autres chefs d'orchestres, d'autres chanteurs. Beaucoup de personnes intéressantes viennent ici. C'est aussi une expérience fascinante d'un point de vue anthropologique, humain », détaille Ottavio Dantone.
La contralto Sonia Prina, qui tient le rôle principal, a l'expérience de l'opéra Rinaldo. Pourtant, elle trouve cette production particulièrement difficile. « Regardons les choses en face », dit-elle. J'aime être un garçon et j'aime être un héros, même avec de la fragilité, mais je veux être un héros viril. Si je dois être un homme, je veux en être un vrai ! En d'autres termes, être un héros est formidable, même quand il est désespéré, comme dans l'Aria « Cara sposa », mais interpréter un héros transformé en un étudiant adolescent, c'était vraiment difficile pour moi. »
Près de 80 ans après sa première édition, ce Festival offre aujourd'hui le must des standards musicaux, dans un ambiance so British des plus superbes. Pour David Pickard, « Glyndebourne est très anglais, mais j'espère que c'est le bon côté british. C'est la bizarrerie, l'excentricité, la nature surprenante de l'essence anglaise. En fait, ce que nous faisons ici est international, ce n'est pas du tout anglais. »
« Glyndebourne sera toujours Glyndebourne », conclue Sonia Prina. Dans ce reportage, vous pouvez entendre les morceaux suivants, tirés de Rinaldo de Haendel :
- « Cara sposa » (Acte I, scène 7)
- « Venti, turbini » (Acte I, scène 9)
- « Lascia ch'io pianga » (Acte II, scène 4)
- « Or la tromba » (Acte III, scène 9)