Pour ce concert de 1961 en Belgique, Count Basie accompagné de son fameux « big band » s’offre à un public qui le connaît surtout de manière intime. En effet, à ce stade de sa carrière, il est globalement considéré comme une référence et tous les publics d’Europe le révèrent. L’orchestre joue pour l’émission « Jazz pour tous » (1959 à 1969) présentant les talents internationaux du jazz à une période où le genre gagne du terrain à un rythme effréné.
Une décennie et demi plus tôt, l’influence de Monk, Miles et Coltrane avait bouleversé les canons en introduisant les nouveaux défis du bebop et hardbop, et en faisant grandir l’attrait pour le jazz cool. Le répertoire de Basie aurait sans doute paru désuet à ces grandes stars, mais pour le public habituel, c’était de la pure classe – le symbole même de l’élégance et du romantisme – et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. La richesse des textes, le swing porté à chaque note, et les grands classiques défilent les uns après les autres. Les solistes prennent les devants – et Basie attirait les plus grands : Snooky Young brille à la trompette, Freddie Green déploie sa virtuose délicatesse à la guitare, tandis que Sonny Payn est un spectacle à lui-même jusqu’au dernier son de batterie.