Lors de ce concert de 1961 à Paris, le « parrain du violon jazz » se met au piano. En effet, Stéphane Grappelli était bien plus qu'un violoniste passionné ; il est aussi un pionnier, multi-instrumentiste, chef d'orchestre aux enregistrements prolifiques, dont l'impact est immense. C'est en 1934 qu'il fonde le Quintette du Hot Club de France aux côtés de Django Reinhardt, son partenaire de longue date. L'un des premiers groupes de jazz composé uniquement cordes, ils ont un immense impact sur le genre, ainsi que sur des icônes américaines comme Coleman Hawkins et Duke Ellington.
Pourtant, dans les années d'après-guerre, au moment où Django se concentre davantage sur le bebop et le jazz moderne jusqu'à sa mort prématurée en 1954, Grappelli avait de moins en moins d'occasions d'enregistrer, bien qu'il soit le meilleur violoniste swing de sa génération. Il ne sera jamais attiré par le style bebop, mais se concentrera sur la musique qu'il aime, restant un sideman recherché et un musicien dévoué jusque dans les années quatre-vingt.
Ici, il est rejoint par le grand peintre-batteur Daniel Humair, le guitariste-compositeur Léo Petit, le prolifique sideman Guy Pedersen à la basse et le guitariste virtuose Pierre Cullaz. Ensemble, ils livrent un répertoire traversant les âges, avec « Nuage » et « Minor Swing » faisant référence au lien de Grappelli avec Django Reinhardt ainsi que des reprises de Ray Charles, Jimmy Davis et « Lady Be Good », de George et Ira Gershwin.