Sixième opéra le plus joué au monde selon Operabase, Madame Butterfly est né à une époque où l’Europe découvre le charme des contrées lointaines et, par là-même, l’abîme culturel qui l’en sépare – on se souvient de L’Africaine de Meyerbeer, par exemple. Le thème éculé de l’esclave envoûté par le charme de l’homme blanc est renouvelé ici par l’ouverture à un horizon nouveau, le Japon. Nouvel orientalisme – l’échelle pentatonique donne le ton –, Madame Butterfly est ainsi un descendant direct des « Turqueries » du 17e siècle à côté de Mikado de Gilbert et Sullivan, Madame Chrysanthème de Pierre Loti dans lequel Puccini puise abondamment, ou encore Iris de Mascagni. Un univers à la croisée de l’Orient et l’Occident que restitue bien la mise en scène minimaliste de Moshe Leiser et Patrice Caurier ; la scène est articulée autour de la demeure de Pinkerton et Cio-Cio-San, une plateforme liée ici et là par des planches comme en écho aux pontons et cours d’eau japonais.
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