Créée en 1733, La Serva Padrona de Pergolèse fut un événement majeur de l'histoire de l'opéra. En raison du caractère léger de cette œuvre et de la « vulgarité » des protagonistes – on est loin en effet de la grandeur de l'opéra seria – La Serva Pedrona fut à l'origine de ce que les musicologues appellent aujourd'hui la Querelle des Bouffons. Cette querelle opposa à Paris entre 1752 et 1754 les ramistes aux partisans de la musique italienne, dont Jean-Jacques Rousseau fut le chef de file. Si ce sur quoi portait la dispute paraît bien insignifiant pour un observateur moderne, le débat occasionna néanmoins des réactions passionnées, entre chauvinismes de mauvais aloi et critiques infondées du style français. Qu'importe ! La Serva Pedrona est un chef-d'œuvre de grâce et de légèreté, sans mentionner le plaisir de se laisser enivrer par le timbre vibrant de Donato Di Stefano et la délicieuse Patrizia Biccirè, qui interprète avec brio l'espiègle et la malicieuse Serpina.
Argument
Uberto, un vieux barbon, se lamente sur l'arrogance de sa servante Serpina : elle ne lui prépare pas son chocolat, elle refuse de lui apporter son manteau, sa perruque et son chapeau, elle lui interdit de quitter le domicile. Uberto demande alors à son valet Vespone de lui trouver une femme, afin de se débarrasser de l'insolente Serpina. Mais celle-ci a plus d'un tour dans son sac, et elle décide de se faire épouser par Uberto. Elle informe celui-ci qu'elle est sur le point de se marier avec un militaire du nom de Tempesta. Vespone, jouant le rôle du prétendant, arrive au logis et demande la somme faramineuse de 4 000 couronnes en guise de dot. Sinon ? Eh bien, le vieux barbon n'a qu'à épouser le servante lui-même ! Uberto réalise alors qu'il a toujours aimé sa servante et accepte d'épouser Serpina. Celle-ci révèle la supercherie et devient, officiellement, la maîtresse de maison.