Le 4 janvier 1896, au Rudolfinum de Prague, l’Orchestre philharmonique tchèque (lauréat du prestigieux prix de l’Orchestre de l’année aux Gramophone Awards 2024) donnait son tout premier concert, un programme d’œuvres de Dvořák dirigé par le compositeur lui-même. Salué pour ses interprétations d’œuvres tchèques, l’ensemble est également reconnu pour sa relation particulière à la musique de Brahms, Tchaïkovski et Mahler, qui dirigea la première mondiale de sa Symphonie n° 7 avec l’Orchestre philharmonique tchèque en 1908.
L’extraordinaire histoire de l’Orchestre philharmonique tchèque reflète sa situation géographique, au cœur de l’Europe, et l’itinéraire politique tumultueux de la République tchèque, dont le cycle Má vlast (« Ma Patrie ») est devenu un puissant symbole. En 1945, son chef principal, Rafael Kubelík, dirigea cette partition en guise de « concert de remerciement » en l’honneur de la Tchécoslovaquie tout juste libérée ; plus tard, il choisirait encore Má vlast pour célébrer les premières élections libres organisées en Tchécoslovaquie. En novembre 2020, Semyon Bychkov, chef principal et directeur musical de l’ensemble, dirige le cycle complet avec l’Orchestre philharmonique tchèque pour célébrer les 30 ans de la Révolution de Velours et inaugurer une nouvelle tradition annuelle destinée à honorer ce moment historique. L’édition 2022 du concert de la Révolution de Velours est dirigée par Simon Rattle, avec Magdalena Kožená, artiste en résidence pour 2022-2023.
Au cours de l’histoire de l’Orchestre philharmonique tchèque, deux éléments sont restés immuables : son soutien envers les compositeurs tchèques et sa foi dans la capacité de la musique à transformer des vies. Václav Talich (chef principal entre 1919 et 1941) fut le premier à organiser des concerts à destination des travailleurs, des jeunes et des associations, à partir des années 1920.
Cette philosophie est toujours aussi vibrante aujourd’hui. Aux côtés de l’Orchestre philharmonique tchèque des jeunes, de son académie et du Prix Jiří Bělohlávek pour les jeunes musiciens, un vaste programme d’enseignement permet à plus de 400 écoles de faire venir au Rudolfinum des élèves de tous les âges pour assister à des concerts et prendre part à des master classes. Un passionnant programme de musique et de chant dirigé par la chanteuse Ida Kelarová pour les communautés roms de République tchèque et de Slovaquie a aidé de nombreuses familles mises à l’écart de la société de trouver leur voix. Outre un programme d’échange annuel avec la Royal Academy of Music de Londres, pendant la crise sanitaire, l’Orchestre a donné sept concerts caritatifs diffusés en direct et en haute définition pour un public international, permettant de lever des fonds à destination des hôpitaux, des associations et des professionnels de santé.
Champion de longue de date des œuvres de Martinů et Janáček, l’Orchestre philharmonique tchèque a à cœur de faire connaître le répertoire tchèque. Sur une initiative lancée par Semyon Bychkov au début de son mandat, neuf compositeurs tchèques et cinq compositeurs internationaux (Detlev Glanert, Julian Anderson, Thomas Larcher, Bryce Dessner et Thierry Escaich) ont composé des partitions créées par l’Orchestre ; de plus, en 2014, le regretté Jiří Bělohlávek (chef principal de 2012 à 2017) a lancé un concours annuel pour jeunes compositeurs.