Il y a tout juste deux décennies, un groupe de musiciens londoniens s'est penché sur cette curieuse institution qu’est l’orchestre en décidant de monter le leur. Ils ont commencé en questionnant tous leurs enseignements : n’avoir qu’un seul chef ? Impossible. Se spécialiser dans un répertoire particulier ? Trop étroit. L’Orchestra of the age of Enlightenment était né.
L’orchestre a acquis petit à petit une identité singulière. Jouer exclusivement avec des instruments adaptés au répertoire n’était qu’une première étape dans la quête de l’authenticité. Les répertoires baroque et classique n’étaient qu’une partie d’un éventail plus large. Dès que le monde musical pensait pouvoir définir l’identité de l’OAE, l’orchestre créait l’étonnement : une Symphonie Fantastique par ci, une interprétation de Bach sans chef par là.
Les idées et les talents étaient là mais l’argent a cruellement manqué. L’OAE a survécu tant bien que mal un an, deux ans, cinq ans ! L’orchestre a réussi à bâtir des relations avec les maisons de disque, diffuseurs et chefs selon ses propres termes, à s’imposer à l’opéra, et est parvenu à obtenir une résidence dans le plus grand centre d’art de Londres.
Le véritable challenge des musiciens a été de conserver cette image excentrique et naïve malgré des collaborations de plus en plus nombreuses avec le Glyndebourne festival, Virgin Records et le Southbank Centre. Face au rouleau compresseur de l’industrie musicale, l’Orchestre est parvenu à conserver son identité. Les musiciens se sont organisés sans laisser de côté pour autant l’expérimentation musicale, leur permettant d’accueillir de nouveaux talents, d’explorer de nouveaux formats de représentations, de nouvelles approches et techniques musicales. L’orchestre est resté fidèle à ses principes initiaux.
De remarquables musiciens se sont fortement impliqués dans cette entreprise : Sir Simon Rattle, le tout jeune chef en qui l’OAE plaçait toute sa confiance est toujours proche de l’ensemble. Iván Fischer; le visionnaire, qui a mis ses idées musicales les plus personnelles aux mains de l’orchestre, le suit de très près. Vladmir Jurowski et son goût insatiable pour la créativité a fait ressortir de l’orchestre les sonorités les plus intéressantes. Tous les trois se partagent le titre de "Principal Artist".
© Andrew Mellor, 2009