Le geste béjartien peut faire sourire aujourd'hui par son ton grand seigneur ; le changement qu'il a introduit dans le vocabulaire académique du ballet n'en reste pas moins révolutionnaire. Créée en 1959, la chorégraphie de Maurice Béjart du Sacre du printemps sur la musique de Stravinsky est toujours aussi attendue que la saison qu'elle célèbre. « Ça doit être simple et fort », répétait Béjart à l'époque. Les ingrédients, en effet, sont d'une simplicité convaincante : sauts rapides, arabesques étendues, corps arc-boutés rejaillissant comme des ressorts, masses corporelles qui s'affrontent et s'affolent, ventre contre ventre. La vue d'ensemble – dessins géométriques, tantôt triangulaires tantôt circulaires – captive comme un jeu d'optique. Dix ans plus tard, le Ballet du XXe siècle fondé par le chorégraphe fait revivre cette chorégraphie mythique au Théâtre Royal de la Monnaie où il est en résidence.
Paolo Bortoluzzi (Rama), Jorge Donn (Krishna), Ge…