Russe de naissance et de formation, islandais par adoption, le grand pianiste et chef Vladimir Ashkenazy donne en 1985 un récital époustoufflant autour de deux des plus grands chefs-d'œuvre pianistiques de Rachmaninov.
La première partie de la soirée est consacrée aux Variations sur un thème de Corelli (1931), dernière œuvre de piano solo du compositeur, écrite peu après son exil durant la Révolution russe de 1917. Sa simplicité initiale laisse peu à peu place à la construction d'une œuvre dont la riche couleur harmonique et l'inépuisable inventivité rythmique annoncent la célèbre Rhapsodie sur un thème de Paganini (1934). Les variations peuvent se regrouper en quatre sections, dans une structure proche de la sonate, bien que le compositeur lui-même n'ait pas toujours suivi cette strucutre dans ses prestations : « J'ai été guidé par les toux du public. Chaque fois que les toux s'élevaient, j'enlevais la variations suivante. Quand il n'y avait pas de toux, je les jouais dans l'ordre initial. » Ashkenazy poursuit la soirée avec une sélection de Études-tableaux, Op. 39 du compositeur, un livre d'études sombre et complexe achevé en 1917 qui constitue un défi technique considérable, y compris pour les pianistes les plus virtuoses.