Le compositeur et pianiste Robert Schumann est bien connu pour avoir eu une vie difficile et tourmentée, ce fait est reflété dans sa musique, emplie de tension et d’idiosyncrasie, et d’une insaisissable créativité. Vladimir Ashkenazy se défait des difficultés techniques et expressives avec aise, lors de ce concert, le dernier de la saison 1984-85 au Royal Festival Hall. Cette musique, il l’a étudié et il la vit, comme le montre sans détour cette interprétation exquise de deux chefs-d'œuvre schumanniens.
Ashkenazy ouvre le programme avec les Papillons, une série de miniatures évoquant un bal masqué, et inspiré du moins en partie par le Flegeljahre de l’écrivain romantique allemand Jean Paul. Papillons, oeuvre vive et fougueuse, fait ensuite place aux Études symphoniques, véritable tournant de la littérature pianistique. Le thème est expérimental, et les variations débordantes de subtilités techniques, rehaussées par un contrepoint à plusieurs niveaux, libéré des conventions du genre. Au cours de cette interprétation exigeante et mémorable, Vladimir Ashkenazy délie progressivement les liens du mystère de Schumann, pour l’exposer dans toute sa splendeur aux yeux de tous...