Les œuvres de Beethoven et Bartók sont bien connues de Bernard Haitink. Dans la lignée de Willem Mengelberg, le chef néerlandais est attentif aux détails et se démarque par sa force de caractère. Sa collaboration avec l'Orchestre national de France, une des quatre formations permanentes de Radio France, fait de ce concert un réel événement musical.
La Troisième de Beethoven, dite « Héroïque », est écrite en l’honneur du « libérateur » de l’Europe. Dédicace que le compositeur biffera quand le libérateur deviendra empereur : « Il va s’élever plus haut que les autres, devenir un tyran ! » s’exclame-t-il. « Assommante, interminable et décousue », la symphonie déroute les critiques. En effet, l’ouvrage fait éclater les cadres de la symphonie classique ; on parle même d’un « second style » Beethoven.
Avec le Concerto pour orchestre, Béla Bartók invente un modèle où tel groupe d’instruments domine tour à tour le reste de l’orchestre, à l‘image de la symphonie concertante de la période classique. Le Concerto devient rapidement populaire et contribue à faciliter l’accès d’un large public à la musique de Bartók. L’œuvre suit un parcours ascendant, passant de l’« austérité » dans le premier mouvement à « l’affirmation de la vitalité » dans le dernier.