Entre 1955 et 1979, la chaîne de télévision publique bostonienne WGBH diffusa plus de cent cinquante concerts du Boston Symphony Orchestra. Cette série d'émissions faisait intervenir quatre directeurs musicaux de l'orchestre – Charles Munch, Erich Leinsdorf, William Steinberg et Seiji Ozawa –, ainsi qu'une douzaine de chefs invités de premier plan.
Plus d'une centaine de ces interprétations sont conservées dans les archives de la chaîne et dans celles de l'orchestre, mais comme elles se présentent sur plusieurs générations de support différents et sont hérissées de problèmes juridiques, il était impossible aux chercheurs d'y accéder, sans même parler des mélomanes qu'elles étaient susceptibles d'intéresser.
Charles Munch, nommé à Boston en 1949, explora avec l'orchestre les répertoires les plus divers, du baroque (il avait un faible pour Bach) au contemporain. Il y dirigea soixante-huit créations mondiales ou américaines, dont la dernière fut la Symphonie n°3, « Kaddish » de Leonard Bernstein – le compositeur y assista, assis au balcon. Toutefois, Munch était surtout réputé pour ses interprétations de musique française, dirigeant des pages de Berlioz, Debussy, Saint-Saëns et Ravel, ainsi que de compositeurs vivants tels que Honegger, Roussel, Poulenc et Dutilleux.
Ce programme présente un morceau français par excellence, la suite tirée de la musique de scène de Fauré pour la pièce de Maeterlinck Pelléas et Mélisande, ainsi que des extraits d'une œuvre résolument allemande, les Maîtres chanteurs de Nuremberg de Wagner, et pour finir, la plus allemande des symphonies « françaises » : la Symphonie en ré mineur de Franck – qui on le sait était belge, tout comme Maeterlinck. Ces trois ouvrages correspondaient fort bien au style de Charles Munch, le directeur musical alsacien de du Boston Symphony Orchestra.