Le ténor allemand Christoph Prégardien à son meilleur dans la plus fragile des œuvres de Schubert, « La Belle Meunière ».
Comme le Voyage d'hiver, La Belle Meunière, cycle de vingt Lieder composés par Schubert sur des poèmes de Wilhelm Müller, est un passage obligé pour tous les chanteurs qui font leur spécialité de cet art tellement particulier. Initié par le grand Hartmut Höll, le ténor allemand Christoph Prégardien a remis des centaines de fois sur l'ouvrage cette œuvre emblématique du romantisme. Il l'a notamment gravée avec le pianiste Andreas Staier, mais, cette fois-ci, enregistrée live en 2008 à Stuttgart, c'est Michael Gees qui l'accompagne dans la geste schubertienne : un garçon meunier est repoussé par la fille de son maître, « la belle meunière », qui lui préfère un chasseur.
Une histoire banale d'amour contrarié, direz-vous, sauf que le pauvre meunier trouve réconfort dans les eaux d'un ruisseau où il se noie. Tout Schubert est là : la tragédie affleure sous la banalité, la douleur la plus vive contrarie l'insouciance. Christoph Prégardien a l'art de raconter une histoire dans chaque lied, qu'il nomme « dramuscule ». La tendre douceur de sa voix ne s'oppose pas à son éclat, à sa luminosité. Chaque mot, chaque note, sont pétris d'intelligence sensible.
Avec Charles Spencer (piano)
Orchestre Philharmonique de l'ORTF - Janine Reiss…