Dans un récital Berlioz, Schubert ou Poulenc, nous retrouvons la « Lionne française », vivante.
Née à Marseille en 1927, Régine Crespin a fini par rendre les armes le 5 juillet 2007 devant la maladie. Celle que les Américains avaient surnommée la « Lionne française » s'était battue contre deux cancers, ainsi qu'elle le raconte dans un livre formidable de souvenirs (À la ville, à la scène, chez Actes Sud). D'elle, il nous reste heureusement ces images d'archives captées à différents moments de sa carrière.
Si ses parents la voyaient pharmacienne, c'est à l'Opéra de Paris que Crespin va trôner. Elle subjugue Wieland Wagner qui l'engage à Bayreuth et Karajan qui la prend à Salzbourg. Elle est partout une suprême Maréchale du Chevalier à la rose de Richard Strauss, et une Carmen de grande classe, tandis qu'elle défend les couleurs berlioziennes dans le monde entier : ses Nuits d'été, notamment, sont une référence absolue.
Nous la retrouvons d'abord en 1965 lors d'un récital à Paris, où elle a rendez-vous avec Berlioz : avec Marguerite de la Damnation de Faust, Le spectre de la rose des Nuits d'été et Didon des Troyens, elle nous convainc sans peine que ce n'est pas pour rien qu'elle en a fait son compositeur fétiche.
Son goût pour les grands rôles ne lui fait pas délaisser le répertoire de la mélodie et du lied, auquel elle consacre une grande part de ses activités après qu'elle a été nommée professeur au Conservatoire de Paris en 1976. Mais auparavant, elle prêtait déjà la chaleur de son timbre et sa merveilleuse diction au Paon de Ravel qu'elle chante en 1972 accompagnée par Janine Reiss puis à des lieder de Schumann et de Schubert cette fois-ci avec Christian Ivaldi. Retour à la mélodie française, en 1964, avec Fauré (Soir) et Duparc (La vie antérieure), pour finir en s'encanaillant avec Les gars qui vont à la fête de son ami et complice Francis Poulenc.