Maria Callas était la « voix du siècle ». Nous la redécouvrons ici, filmée lors de deux récitals à Paris, d'abord en 1965 puis en 1958.
Vivante, Maria Callas était un mythe. Absente, elle continue, depuis sa mort le 16 septembre 1977, à vivre dans l'imagination d'un public qui dépasse très largement celui des fans d'opéra. Callas était bien réelle sur scène, comme aucune chanteuse avant : « À côté d'elle, la plupart des chanteuses étaient agréables à écouter, mais comme déconnectées de la réalité, se souvient Renata Scotto. Callas, elle, nous parlait au présent. »
1965 : alors qu'elle chante Norma de Bellini à l'Opéra de Paris, Callas n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle jette l'éponge à la cinquième représentation, avant la deuxième scène du deuxième acte. Et pourtant, quelques jours plus tôt, le 2 mai au Théâtre des Champs Élysées, Callas, accompagnée par l'Orchestre de l'ORTF et Georges Prêtre, touche au sublime. Avec l'intelligence de chaque mot et de chaque note, elle offre trois airs inoubliables : « Adieu notre petite table... » (Manon de Massenet), « Ah, non credea mirarti... » (La Somnambule de Bellini), « Oh, mio babbino caro... » (Gianni Schicchi de Puccini). Elle est belle et poignante.
Elle est déjà très belle quelques années auparavant, quand elle fait ses débuts en France le 19 décembre 1958 à l'Opéra de Paris lors d'un gala en présence du Président René Coty. La télévision est là, et ce document témoigne de l'art suprême de Callas. Avec deux airs de Norma de Bellini, dont « Casta Diva, deux airs du Trouvère de Verdi et pour conclure un air du Barbier de Séville de Rossini, elle met le public à ses pieds. Présent dans la salle ce soir-là, Aristote Onassis viendra la féliciter dans sa loge. Mais ceci est une autre histoire...