La musique d’Arvo Pärt est, selon le compositeur lui-même, « une lumière blanche qui contient toutes les couleurs [que] seul un prisme peut diviser [pour] les faire apparaître ; ce prisme pourrait être l’esprit de l’auditeur ».
Au cours des dernières décennies du XXème siècle, la musique classique a subi d’intenses transformations dans son langage : l’atonalité a été poussée à l’extrême en tant que moyen d’expression, jusqu'à parfois frôler la cacophonie... C’est à cette époque que le compositeur estonien Arvo Pärt, de sa voix sereine mais tout aussi intense, compose des nouvelles oeuvres qui inaugurent un style nouveau : le style tintinnabuli (« clochette » en latin), inspiré du minimalisme, de la musique du Moyen Âge et surtout des musiques chorales telles que le chant grégorien et la polyphonie. Le style tintinnabuli est « un domaine dans lequel je me promène parfois lorsque je cherche des réponses pour ma vie, ma musique, mon travail », explique le compositeur.
Au cours de ce concert enregistré en 2017 avec l’extraordinaire violoniste Gidon Kremer et son orchestre Kremerata Baltica, le mysticisme profond qui empreint certaines pièces telles que Tabula Rasa rend un splendide hommage au compositeur estonien. Le soliste et l’ensemble offrent des moments de beauté méditative, parmi lesquels se distingue la délicate écriture de Fratres (que Gidon Kremer a d'ailleurs créée 40 ans plus tôt, en 1977), en présence d’Arvo Pärt lui-même ! Le violoniste interprète également un sublime arrangement de la Fantaisie pour violon en ut majeur de Schubert, œuvre monumentale mais transparente du compositeur viennois, idéale pour ce programme de pureté lumineuse.