Une virtuosité époustouflante, une musicalité hors pair : Ivry Gitlis, le violon béni des dieux.
L'éternel jeune homme qui s'exprime ainsi, c'est Ivry Gitlis, né à Haïfa en 1922. Il joue, comme il l'a fait en mars 2008 salle Pleyel avec Martha Argerich. Aventurier, il a toujours compté sur sa bonne étoile pour le nourrir quand il était dans la dèche : parti à New York, en bateau sans un sou en poche, pour suivre les cours du professeur Pashrus, il est invité à dîner chaque soir par un généreux philanthrope qui lui donne mille dollars une fois arrivé à New York. Curieux de tout et gourmand de sensations nouvelles, il a joué avec les Rolling Stones, John Lennon, Eric Clapton, Dizzy Gillespie…
Après une enfance en Israël, où son père était meunier, il fait des études au Conservatoire de Paris où l'a envoyé Bronislav Huberman, obtient un Premier Prix à l'âge de treize ans, et devient le disciple de Jacques Thibaud. Réfugié en Angleterre pendant la guerre, il remporte le Cinquième Prix (seulement !) du concours Long-Thibaud en 1951 et fait ses débuts la même année à Paris. Il joue avec les plus grands orchestres, partage son amour de la musique avec les plus grands artistes (Martha Argerich, Pierre Fournier, Mischa Maisky…), qui se retrouvent chaque été au Festival de Vence qu'il a fondé.
Il est certainement l'un des violonistes les plus doués et les plus brillants du XXe siècle. Son agilité est confondante, comme en témoigne son interprétation éblouissante du Concerto pour violon en ré majeur op.35 de Tchaïkovsky accompagné par l'Orchestre National de l'ORTF dirigé par Francesco Mander : de son archet, la musique jaillit comme l'eau vive, et on ne sait plus très bien ce que l'on doit admirer, sa virtuosité ou son intelligence musicale.
Dans les trois œuvres qui suivent, Introduction et Rondo Capriccioso de Saint-Saëns, Sonate pour violon seul, Sz.117 de Bartók (III Melodia) et La Capricieuse d'Elgar, le violon d'Ivry Gitlis, par son naturel et son aisance époustouflante, rivalise avec les plus beaux chants. Trilles pyrotechniques, aigus stratosphériques, accents pleins de raucité, couleurs éblouissantes, l'instrument n'existe plus, il reste la musique et « un violon fait homme ».
Archives :
- - "Les grands interprètes", archive INA réalisée par Gérard Herzog, 1962.
- - "Les secrets de l'orchestre", archive INA réalisée par Annie Aizieu, 1965.
- - "La rose des vents", archive INA réalisée par Claude Deflandre, 1971.