En février 2021, presqu’un an après le début de la pandémie de COVID-19, cette interprétation à couper le souffle d’Un Requiem allemand de Brahms rendait un hommage poignant aux victimes de la pandémie et rappelait au monde entier l’importance de l’art durant les périodes difficiles. Depuis le fond de la scène, maestro Gianandrea Noseda dirige l’excellent Philharmonia Zurich au cours du chef-d’œuvre de Brahms, cependant que les immensément talentueux artistes du Chœur de l’Opéra de Zürich et de la Zürcher Sing-Akademie investissent tout l’espace de la somptueuse salle pour que résonnent sous ses hauts plafonds les notes de l’un des plus beaux requiems de l’Histoire. Les parties pour solistes sont interprétées par la soprano Lydia Teuscher et le baryton Konstantin Shushakov, qui sont époustouflants dans ces rôles complexes.
Brahms compose Un Requiem allemand (l’œuvre la plus longue de son répertoire) entre 1865 et 1868, peu après la mort de sa mère. Agnostique mais profondément humaniste, le musicien écrit le livret lui-même et évite de mentionner explicitement les dogmes chrétiens pour se concentrer sur la consolation des vivants : « Bienheureux ceux qui souffrent car ils seront consolés », annonce-t-il dès le premier vers. La toute première interprétation d’un extrait de l’œuvre en public, en décembre 1867, sera gâchée par une erreur de lecture d’un timbalier, qui jouera si fort que l’orchestre entier sera noyé par le son de son instrument. Fort heureusement, la première quelques mois plus tard connaîtra un succès retentissant, contribuera à la renommée international du jeune Brahms et gagnera une place de choix au sein du répertoire liturgique.
