« S’il advenait que je ne finisse pas cette œuvre, écrivait le compositeur, quelqu’un pourrait s’y essayer plus tard, et sachant cela, cette personne y verrait bien plus clair ».
À la lecture de ces mots, le metteur en scène Christoph Marthaler, le chef d’orchestre Titus Engel et la scénographe Anna Viebrock sont très inspirés et décident de donner corps à leur approche de la Symphonie de l’univers, œuvre inachevée du compositeur américain Charles Ives (1875–1954) et l’une des grandes compositions utopiques du 20e siècle. Utopique car Ives la conçoit comme une expérience acoustique qui renverserait totalement les codes classiques de la performance, mais aussi car même s’il en recommence plusieurs fois la composition de zéro, il ne finit jamais la pièce. À sa mort, le musicien laisse un fatras de notes et de partitions incomplètes.
À partir des sections terminées par Ives, Christoph Marthaler, Titus Engel et Anna Viebrock parviennent à créer tout un environnement scénique et musical au sein duquel les instruments solistes, accompagnés des Bochumer Symphoniker et d’un ensemble de danseurs et de chanteurs, imaginent un futur à partir du présent. D’autres compositions de Charles Ives viennent compléter ce monde inachevé.
