C'est le nouveau défi de Cecilia Bartoli : lors du festival de Salzbourg cette année, la mezzo-soprano italienne incarne Norma dans une version de l'opéra de Vincenzo Bellini qui se veut plus proche de l'original datant de 1831.
« Dans les créations plus récentes, il était difficile de montrer la faiblesse humaine, on ne le permettait pas, souligne la cantatrice, et parfois, cette femme pouvait sembler très froide, son amour pour Pollione n'était pas si évident. Dans cette nouvelle version scénique néo-réaliste, Norma est pour la première fois, une femme amoureuse, poursuit-elle, donc, c'est une femme passionnée, une femme qui aime et qui par la même, est fragile et montrer la fragilité de Norma, cela fait partie de la nouvelle vision de ce rôle. »
Norma, c'est un amour impossible et une rivalité entre deux femmes éprises du même homme dans le camp ennemi. Lors de cette édition du festival de Pentecôte et d'été à Salzbourg où nous avons pu filmer une répétition, les voix féminines correspondent à ce que souhaitait le compositeur italien : Cecilia Bartoli, mezzo-soprano, interprète un rôle-titre régulièrement dévolu depuis sa création, à des sopranos comme Maria Callas. Ce retour aux sources se traduit aussi par l'utilisation d'instruments datant de l'époque de Bellini et de tous ses manuscrits originaux. Norma est particulièrement problématique parce que le manuscrit autographe a été écrit très rapidement, il y a beaucoup de corrections et de sources », précise le chef d'orchestre dirigeant cette Norma, Giovanni Antonini. « Le musicologue, ajoute-t-il, doit trouver quelle est la version la plus exacte : c'est ce que nous avons essayé de faire dans cette version de Norma. »
Le chef d'orchestre précise : « Tous les documents dont nous disposons aujourd'hui, nous les jouons intégralement, il n'y a pas de coupe. Parfois, poursuit-il, on coupe pour des raisons de fatigue parce que cette musique est exténuante, difficile à chanter et même auparavant, avec des voix fortes, c'était une musique qu'il était nécessaire de couper. » Enfin, pour Cecilia Bartoli, il a fallu aussi changer de point de vue sur Bellini pour créer cette nouvelle Norma. « On essaie vraiment de se mettre au service de la partition, assure-t-elle avant de lancer : par-dessus tout, on essaie de voir Bellini comme un compositeur pré-romantique et d'interpréter sa musique en pensant davantage à Mozart qu'à Puccini. »
Giovanni Antonini : « une nouvelle version qui change tout ». Le chef d'orchestre Giovanni Antonini et la mezzo-soprano Cecilia Bartoli présentent une nouvelle version de l'opéra de Vincenzo Bellini, Norma, plus proche de l'original créé en 1831. Dans ce bonus, Giovanni Antonini nous donne des précisions sur le travail d'analyse qui a été nécessaire et il s'avère bien plus vaste que le simple fait de jouer avec les instruments de l'époque de Bellini.