Une fusion musicale entre l'Orient et l'Occident – voilà comment définir le projet Route de la Soie. Son fondateur est le violoncelliste de renommée internationale Yo-Yo Ma – son idée repose sur l'échange d'idées, la connexion entre les individus comme base d'inspiration.
Nous l'avons rencontré à New York. Yo-Yo Ma n'est pas étranger au multiculturalisme – ce qui a eu une influence majeure sur son travail. Ses parents sont Chinois et il est né à Paris. À l'âge de sept ans, sa famille a déménagé à New York – où il a reçu sa formation musicale. « Ce que j'aime avec New York aujourd'hui, c'est qu'il y a tellement de gens qui viennent des quatre coins du monde, qu'il y a une sorte d'interaction permanente. » nous a-t-il confié. L'interaction est aussi vitale pour l'ensemble Silkroad qui s'est formé il y a plus d'une décennie. L'échange inter-culturel est au cœur du projet – l'ensemble compte environ soixante membres de plus de vingt pays.
« Tout d'abord je pense que travailler avec quelqu'un nécessite une chose fondamentale : l'échange qui se base sur la confiance. En quelque sorte vous devez développer cette confiance, et je pense que cela repose en partie sur l'admiration. » explique Yo-Yo Ma. « J'aime ce que je fais, je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu fais mais je suis fasciné et cela ressemble assez à mon travail pour que je trouve ça bon. Mais peux-tu m'apprendre ? »
Le nom du projet vient de la Route de la Soie. Pendant 2000 ans, ce chemin a relié la Chine à la Méditerranée à travers l'Asie Centrale et le Moyen-Orient. Les artistes cherchent à créer de nouvelles compositions, comme La Ville silencieuse écrite par Kayhan Kalhor, un membre iranien de l'ensemble. Il joue le kamancheh, un instrument à cordes iranien, aussi surnommé le violon à épines.
« Quand nous sommes ensemble, c'est comme retrouver des vieux amis. Tout se passe très vite : on fait des concerts, on repart et ensuite on réfléchit à ce qu'il s'est passé. » nous raconte le violoncelliste. Les visites mutuelles font partie de l'échange multiculturel, comme nous l'explique Yo-Yo Ma :
« Par exemple on est allé voir Kayhan à Téhéran, Sandeep à New Dehli, et Alim en Azerbaïdjan, pour comprendre la société et la famille dont ils viennent, et cela nous permet de mieux les comprendre. C'est comme rencontrer les parents de votre petite amie. »
L'énergie de Yo-Yo Ma semble inépuisable. Il n'est pas seulement directeur artistique et musicien de l'ensemble Route de la Soie. Il joue aussi du violoncelle classique avec les meilleurs orchestres du monde. Mais il trouve toujours le temps d'aider les jeunes nouveaux arrivants. « J'aime le talent, voir des gens qui ont l'étincelle. S'ils ne l'ont pas, j'aime voir comment ils la développent. » s'enthousiasme Yo-Yo Ma. « Une fois qu'ils ont l'étincelle, on appelle cela avoir le feu sacré, ils veulent accomplir des choses. « Je veux que le monde sache qui je suis » et ensuite la question c'est : est-ce que j'ai quelque chose à leur offrir ? Bien souvent ce n'est pas le cas, car ils savent ce qu'ils veulent. Et là vous avez un vieux qui espère pouvoir être utile. »
« Pour moi tout consiste à se saisir de quelque chose de vraiment beau ou transcendant, et ensuite le partager avec un groupe. »
Extraits musicaux :
- ¡Chayraq! – Le rêve du géant de Gabriela Lena Frank
- ¡Chayraq! – Le chant des pleurs de Gabriela Lena Frank
- La Ville silencieuse, mouvement final de Kayhan Kalhor