« C'est sans doute le moment que je préfère: quand j'arrive sur scène, je m'assieds-là, ma mélodie commence. C'est tellement intense, tellement russe, ce sont deux pages de partition à faire d'une traite ». Telles sont les impressions de Yuja Wang lorsqu'elle commence à interpréter le concerto pour piano numéro 3 de Rachmaninov. « C'est comme un énorme roman russe avec plein de personnages évoluant dans une histoire très compliquée ».
Ce concerto pour piano numéro 3 de Rachmaninov est considéré comme un des morceaux les plus difficiles à interpréter. C'est l'œuvre pour piano qui compte le plus de notes à jouer par seconde. « Musicalement, explique-t-elle, jouer cette pièce, c'est quelque chose d'énorme, c'est comme gravir la Grande muraille de Chine ! Et pour en avoir une vue d'ensemble, c'est très difficile ».
Née en Chine mais installée aux États-Unis, Yuja Wang est aujourd'hui âgée de 24 ans. Elle fait partie de l'élite mondiale des pianistes. Elle était récemment à Madrid en Espagne pour interpréter précisément le troisième concerto pour piano de Rachmaninov.
« Je me souviens, confie-t-elle, quand j'étais petite, quel que soit le morceau que je jouais, mon professeur me disait : 'Ne va pas aussi vite !' C'était mon point faible. Je voulais toujours aller très vite. C'était mon caractère – un peu nerveux, et mes doigts relayaient cette nervosité ».
Yuja Wang débute le piano à l'âge de six ans. Et très vite, elle se fait remarquer pour son talent. « Je crois que quand j'étais en Chine, j'étais plus concentrée et plus disciplinée », avoue-t-elle. Et d'ajouter : « quand je suis arrivée aux États-Unis, j'étais davantage… En fait, je suis curieuse, je m'intéresse à l'art, à la philosophie, à la littérature. J'ai donc partagé mon temps entre toutes ces disciplines ».
On la surnomme « Les doigts volants » en raison de l'agilité de ses mains et de ses doigts. « Mes doigts sont très fins mais avec de sacrées articulations ! Et ils sont surtout très souples. Ma mère les étirait et les écartait quand j'étais petite. J'ai donc une très grande amplitude. Mes mains ne sont pas immenses, mais je peux quand même faire des accords compliqués ».
Yuja Wang donne chaque année plus de 100 concerts, travers le monde. Elle est demandée par tous les grands orchestres. « A chaque concert, j'essaie de me renouveler, de changer de point de vue. Compte-tenu du nombre de concerts que je donne, je m'efforce de ne pas faire la même chose à chaque fois, ne pas me répèter. J'essaie toujours de me réinventer ».
Dans ce sujet, vous pouvez écouter des extraits du concerto pour piano numéro 3 en ré mineur de Sergueï Rachmaninov.
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