Torride, provocante, érotique, Poppée a soif de pouvoir dans la Rome antique. L'empereur Néron, interprété par la mezzo-soprano Kate Lindsey, ne peut lui résister.
« Elle l'aime, elle le déteste et elle veut le punir mais elle le désire... », explique Sonya Yoncheva. « Elle l'admire parce que pour elle c'est un dieu mais elle voit aussi ses défauts. Donc c'est une histoire d'amour quelque peu perverse. »
« C'est une histoire incroyablement immorale. C'est très sombre. C'est peut-être l'opéra le plus sombre jamais écrit », sourit le chorégraphe Jan Lauwers. « Poppée est prête à tuer tout le monde pour le pouvoir. Tout ça à cause de la passion. »
Cette nouvelle production est placée sous la direction de William Christie. Derrière son clavecin, le franco-américain dirige son ensemble des Arts Florissants. Ce grand connaisseur du baroque et Sonya Yoncheva se sont rencontrés il y a plus de dix ans.
« Ce fut un coup de foudre », se souvient la soprano. « Grâce à lui, j'ai complètement découvert le baroque et toutes ces ornementations.Comment faire des trilles, comment prononcer, pourquoi telle couleur de voix ici, pourquoi un silence là... »
Dramaturge, plasticien, chorégraphe, Jan Lauwers casse les codes du baroque. Son travail relève ici de l’expérimentation :
« William Christie a dit : "Je ne serai pas chef d'orchestre" et moi j'ai dit : "Je ne serai pas chorégraphe". Nous avons dit aux chanteurs de ne pas se conduire en chanteurs d'opéra et on s'est dit "on verra ce qu'il se passera..." »
« Ce qui est très farfelu, c'est que la fin de l'opéra est une chanson d'amour », s'amuse Jan Lauwers.« Monteverdi a écrit la meilleure chanson d'amour pop jamais écrite pour le couple le plus idiot qui soit ! »
« Dans le duo final, les mots choisis par le librettiste sont incroyables », s’enthousiasme Sonya Yoncheva. « Il dit : "Je veux t'enchaîner". Elle répond : "Vas-tu le faire, vraiment ?" Jusqu'au bout, ils jouent avec le pouvoir. »
« "Je t'aime" mais... il y a toujours, toujours un doute entre eux. »