C'est l'une des héroïnes lyriques les plus illustres et les plus bouleversantes : Violetta dans La Traviata. Le chef-d'œuvre somptueux de Verdi a récemment fait son retour à la Scala de Milan. La soprano californienne Angel Blue incarne le premier rôle avec passion aux côtés du légendaire Plácido Domingo. « Je vis avec cet opéra depuis l'âge de 16 ans et puis, rapidement, au fil des ans, j'en suis tombée amoureuse, » confie-t-elle. « Franchement, je n'aurais jamais imaginé avoir la chance de le chanter à la Scala, » reconnaît-elle.
Le chef d'orchestre Marco Armiliato renchérit : « La Traviata est un chef-d'œuvre intemporel. On a l'impression que chaque note, chaque mesure a toujours quelque chose de nouveau et nous devons avoir constamment comme objectif, de maintenir la musique fraîche et jeune, » affirme-t-il.
Verdi concentre son œuvre sur cette courtisane parisienne rejetée par la société. « Je crois vraiment que c'est une femme brillante et qu'avant tout, elle est très humble, » estime la soprano Angel Blue. « Et il y a cette idée qu'au fond de nous-mêmes, on peut être quelqu'un de bien, mais que comme on a une activité qui est mal vue, les gens nous méprisent et pour moi, ce thème est universel, » indique-t-elle. Marco Armiliato ajoute : « Les personnages décrits par Verdi sont si vrais, si réels que les gens s'identifient aux personnages de Violetta, d'Alfredo Germont et de son père. »
Partager la scène avec Plácido Domingo qui interprète le père de l'amant de Violetta, c'est comme vivre un rêve pour Angel Blue, lauréate de deux Prix au concours Operalia en 2009. « Il a cet amour, cet enthousiasme, cette joie et cette passion pour l'art, » fait remarquer la jeune soprano. « Et il ne s'agit pas que du chant, mais de la musique elle-même : elle émane de lui, » poursuit-elle, « c'est quelque chose que l'on ressent et c'est contagieux. » Angel Blue évoque ensuite l'air final interprété par son personnage : « Quand elle évoque la joie et la peine, ce sont des sentiments que nous éprouvons tous. Elle parle de "la tomba ai mortali", le 'tombeau des mortels' : nous l'aurons tous pour dernière demeure, personne ne peut y échapper, c'est simplement la réalité de la vie, » dit-elle avec des sanglots dans la voix. « La mort fait partie de la vie et pour moi, quand je chante ce passage, je suis simplement reconnaissante d'être là où je suis en cet instant et de chanter cet air, » conclut-elle.