Parmi les artistes invités à 'Steps', festival de danse contemporaine de Zürich, un nom sort du lot : Sylvie Guillem, danseuse étoile française et son spectacle '6000 Miles Away'.
Sylvie Guillem : « 'Bye' ça a avoir avec le fait de dire au revoir à l'enfance, au revoir à un certain style de carrière, au revoir à une femme que l'on a été, que l'on est plus… Tous les jours ont dit au revoir à quelque chose pour trouver autre chose… c'est une construction… (pause) et une construction est faite de beaucoup de pages qui se tournent. »
« Les ans passent mais j'ai l'impression d'être toujours une gamine, je me verrais bien dans une cour d'école de gamines de quinze ans ! (elle rigole) J'ai l'impression de ne pas avoir grandi à ce niveau là. (pause) C'est, je crois, cette petite fille qui est toujours là. »
Artiste engagée, Sylvie Guillem soutient une ONG qui se bat pour la préservation des océans.
S. Guillem : « Moi j'ai toujours été attirée par les gens passionnés. Les gens passionnés, ça me rend le sourire. (pause) Et les gens qui s'occupent de Sea Shepherd sont des gens qui sont passionnés. (pause). Les gens vous disent: « Alors, pourquoi vous vous occupez des poissons ? » D'abord ce ne sont pas des poissons ! Et ensuite c'est parce que c'est un organe vital, la mer, les océans… et les gens n'en ont rien à faire ! (pause) Moi j'ai tout de suite adhéré… oui, ça se voit, je milite ! » (elle rigole)
Une conscience politique qui va de pair avec sa conscience artistique.
S. Guillem : « Vous mettez un pied en scène… là, pour le coup, c'est vraiment le présent ! mais c'est un présent qui a une dimension autre, extra-ordinaire. (pause) On sort de l'ordinaire, quand on rentre en scène on sort de l'ordinaire. Le temps s'étire, et ça c'est un présent magnifique ! »
« Avant j'étais sourde à ce que mon corps me disait, ça c'est le privilège de la jeunesse. A un certain moment, je me suis dit 'ça fait mal, il est fragile, il faut faire attention, et il faut changer'. Et donc j'ai changé. J'ai changé ma façon de voir les choses, ma méthode de travail, j'ai changé tout ça… mais ce qui a aussi changé c'est cette approche de ce sentiment d'invulnérabilité… maintenant je me sens vulnérable. »
Une brillante carrière, une renommée internationale, le respect de ses pairs… Envisager la fin de tout cela n'est pas un tabou pour Sylvie Guillem. Elle a même déjà une idée de l'après.
S. Guillem : « Ca fait longtemps que je fais la même chose, je sais ce que ça coûte ; donc il est vrai que de temps en temps on se dit 'ouf, ça sera bien quand ça va s'arrêter…', mais on a pas envie que ça s'arrête, surtout quand on en profite autant que ça… la balance est encore du coté positif, donc il y a pas à se poser la question maintenant ; mais elle est dans ma tête depuis très très longtemps, et j'ai effectivement, oui, de temps en temps, [cette idée:] vivement que je devienne jardinière ! »
'Bye' est accompagné d'extraits de l'Ariette de la Sonate pour piano Op. 111 de Ludwig van Beethoven. Dans 'Rearry', la musique est signée David Morrow.