Le concerto pour violon de Brahms figure parmi les plus exigeants du répertoire. La virtuose sud-coréenne Kyung Wha Chung relève le défi aux côtés de l'orchestre Santa Cecilia de Rome sous la direction d'Antonio Pappano.
Violoniste virtuose, Kyung Wha Chung a interprété récemment à Rome, le célébrissime Concerto pour violon de Brahms sous la direction d'Antonio Pappano. Une performance majestueuse et pointue à l'image de l'Auditorium Parco della Musica de Rome, signé Renzo Piano, qui accueille l'orchestre de l'Académie Santa Cecilia. La musicienne sud-coréenne donne une série de concerts à l'occasion de son 70ème anniversaire à la fin du mois. Elle nous confie son goût immodéré pour la scène.
« C'est mon espace, j'ai l'impression que c'est là que je dois être, souligne-t-elle avant d'ajouter : Je ne peux vraiment pas exprimer ce que j'ai en moi parce que la musique n'utilise pas de mots. Avec le violon, on peut transmettre la passion, la colère, la tristesse et on touche directement le cœur et l'âme des gens : cela peut nous faire pleurer de douleur et de joie, » fait-elle remarquer, enthousiaste.
Le chef d'orchestre britannique Antonio Pappano nous livre sa vision de Kyung Wha Chung : « Elle a voué sa vie à la musique, donc le son qui la caractérise est le reflet de toute son expérience, de tous les moments où elle était sur scène, où elle a pratiqué, où elle jouait aux côtés d'autres musiciens, » estime-t-il.
Comme le prouve son jeu, la violoniste est dotée de ressources incroyables. En 2010, cinq ans après une blessure à l'index de la main gauche, elle montait de nouveau sur scène au terme d'une convalescence dédiée à la musique. « C'était un mal pour un bien, assure-t-elle aujourd'hui. J'ai appris à travailler dans ma tête : la musique était là constamment avec les doigtés, le jeu de l'archet, le phrasé, les couleurs... Donc, maintenant, je travaille tout le temps et quand j'étais jeune, je n'étais pas capable de faire ça sans violon, » reconnaît-elle.
Kyung Wha Chung accepte de jouer pour nous, certains extraits du Concerto. « À la fin de la cadence, c'est tellement chantant, lyrique, cela devient simplement [suspendu], dit-elle. Il y a tellement de fragilité, de désir ardent et une telle quête pour atteindre une dimension céleste, » juge-t-elle. L'artiste évoque également le dernier mouvement « tsigane, tellement hongrois » selon elle. « Donc, je devais apporter cette saveur hongroise, » affirme-t-elle.
Mais le mot de la fin revient à Antonio Pappano qui ne doute pas un seul instant de l'implication totale de la violoniste dans son art. « La musique nécessite du dévouement, de la persévérance, du labeur, de la sueur et il est clair qu'elle lui donne tout ce qu'elle a, » conclut-il.
Antonio Pappano et Kyung Wha Chung apparaissent avec l'aimable autorisation de Warner Classics.