Le Roi David dans le roi des concertos, celui de Brahms.
Entre le violoniste et le chef d'orchestre Guennadi Rojdestvenski, s'était instaurée au fil des années une vraie complicité. Rojdestvenski, qui a dirigé David Oïstrakh à de nombreuses reprises, garde de ces moments passés avec « le Roi David » de merveilleux souvenirs.
Un coup de foudre, c'est ce que ressent David enfant lors de sa première rencontre avec un violon, un jouet que lui donne son père alors qu'il a trois ans. Le petit prince, né en 1908 à Odessa, commence à travailler l'instrument avec Piotr Stoliarski, qui sera également le professeur de Nathan Milstein et de son fils Igor. En 1937 il remporte le Premier Prix au Concours Eugène Ysaÿe en Belgique. C'est le début d'une carrière éblouissante mais longtemps confinée à l'URSS : pris en otage, il ne sera autorisé à sortir des frontières qu'après la mort de Staline. Oïstrakh, comme son ami Chostakovitch, demeurera toute sa vie en Russie. Pourtant, la rumeur de son génie passe les frontières et il devient un mythe en occident.
Nous le découvrons filmé dans les années soixante au Tchaïkovski Hall Moscou et accompagné à trois reprises par Rojdestvenski. Pour commencer, une œuvre majeure du grand répertoire, le Concerto pour violon de Brahms où il déploie toutes les facettes de son jeu qui concilie l'inconciliable : tout à la fois dionysiaque et apollinien, enraciné dans le sol et léger comme l'air, virtuose sans exhibition…
Quelques mois plus tard, dans la même salle, Oïstrakh retrouve Rojdestvenski pour y enregistrer le concerto de Sibelius avec l'Orchestre radio-symphonique de la capitale. En bis, Oïstrakh, au lieu de donner une pièce de virtuosité habituelle, joue avec tout l'orchestre la Romance en sol majeur, op. 40 de Beethoven dont il exhale l'infinie poésie.
Enfin, une surprise, le cadeau d'anniversaire de Rojdestvenski pour les 60 ans de son ami Oïstrakh : l'orchestration sur mesure du Vingt-Troisième Caprice de l'opus 3 de Locatelli au titre mystérieux, Il labirinto armonico. La grâce.