« Mozart se dirige tout seul » a coutume de répéter le chef d'orchestre russe Guennadi Nikolaïevitch Rojdestvenski. Provocation ou vision iconoclaste ? En marge de cette affirmation sulfureuse, rien dans la carrière de Rojdestvenski ne laisse indifférent, de sa technique de direction jusqu'à ses choix de répertoires.
Né à Moscou en 1931, Rojdestvenski, chef surdoué, est vite remarqué par les plus grands compositeurs russes de son époque. Prokofiev lui témoigne une admiration appuyée. Dmitri Chostakovitch, Alfred Schnittke ou Edison Denisov le côtoient assidument, proximité que le chef leurs rend par la création de nombreuses œuvres. Après ses débuts au Bolchoï et à la Radio de Moscou, Rojdestvenski déploie une carrière internationale en dirigeant les plus grands orchestres de Stockholm, Vienne et Londres. Son répertoire, particulièrement vaste, embrasse les chefs d'œuvres de Bach à nos jours. Rojdestvenski grave une impressionnante discographie comprenant plusieurs opéras de Chostakovitch, les ballets de Tchaïkovski ou des oeuvres plus rares comme l'Aladdin de Nielsen.
Son style de direction, frôlant le burlesque mais toujours soucieux du texte musical, ne freine en rien le respect de ses confrères. Bien au contraire, Rojdestvenski suscite l'admiration d'Evgeny Svetlanov, pourtant si intransigeant avec ses collègues, et influence profondément les chefs les plus doués de la nouvelle génération dont Yutaka Sado.