David Oïstrakh, l'homme fait violon, sous la terreur stalinienne.
C'est son histoire que nous raconte Bruno Monsaingeon, de sa naissance à Odessa en 1908 jusqu'à sa mort à Amsterdam, d'une crise cardiaque, en 1974. Mais une histoire marquée d'une blessure, car elle se déroule pour la plus grande part sous Staline. « Je reste fidèle à la Russie, au pays, quel que soit le pouvoir. » Ce choix, qui est aussi celui de son ami Chostakovitch, a de terribles conséquences qui entrelacent peur et compromis. « Le régime obligeait les gens à avoir deux visages, à penser d'une manière, à paraître d'une autre » témoigne Rostropovitch.
Oïstrakh, qui vit dans la terreur d'être arrêté, devient malgré lui le propagandiste du régime. Jusqu'à la mort de Staline en 1953, il ne pourra jouer au-delà du rideau de fer. Mais comme le dit Rostropovitch, témoin de ces années noires : « La musique était pour nous la seule fenêtre sur le soleil, l'oxygène, la vie. »
Menuhin, Rostropovitch, Rojdesventsky nous parlent de son caractère « exquis » et de son talent incomparable que l'on peut admirer grâce à des archives sonores prodigieuses. Le témoignage de son fils Igor, violoniste lui aussi et grand pédagogue, est infiniment précieux par ce qu'il nous révèle de l'homme.
Et puis, un trésor : la conversation au téléphone enregistrée entre Oïstrakh et Chostakovitch alors que le violoniste a créé le soir même le Deuxième Concerto pour violon écrit pour lui par le compositeur. Malade, de son lit d'hôpital, Chostakovitch a entendu le concert à la radio. « Votre interprétation est fantastique, lui dit-il. Je vais vous faire un compliment stupide : c'est comme si j'avais joué moi-même. » Oïstrakh : l'homme fait musique.
Un film dans une version inédite, enrichie des commentaires du réalisateur.