Don Cherry a tissé un lien avec la musique assez particulier. Il plonge l'auditeur dans son propre univers aux règles quasi absentes, tandis que les paysages sonores, qu'ils déforment et étirent à sa guise, appellent un heureux étonnement. Son jazz était du free jazz au sens fort du terme : on se laisse d'abord simplement écouter, puis l'on se laisse envahir par ses pouvoirs de guérison.
Ici, dans cette performance de 1971 à Paris, il est rejoint par le sud-Africain Jonnhy Dyani à la contrebasse, qui ouvre la scène en chuchotant une poésie en langue Xhosa, mêlant les sonorités de son enfance à la flûte mystique de Cherry. La rythmique est assurée par Okay Temiz, un percussionniste turc dont le toucher et la complexité du jeu sont le fruit d'un travail de longue haleine. De son côté, Cherry oscille entre voix envoûtante, piano, flûte et sa tristement célèbre trompette « de poche ». Il joue également de la coquille, un instrument produisant un équilibre sonore parfait entre douleur et beauté.
Cherry restera une merveille de charisme et d'ingéniosité et un véritable pionnier de la fusion entre les musique du monde entier.