Au sommet de sa carrière, Duke Ellington est rien de moins qu'un dieu de la musique, un génie audacieux sachant insuffler à chaque note sa charge de rêve, rendant des sonorités complexes familières de presque tous les auditeurs. Il est également l'une des premières superstars afro-américaines du XXe siècle et reste un modèle de grâce et charme, à une époque où les prestations de musiciens noirs étaient réduites et contrôlées.
Pourtant, après deux décennies de succès, la carrière d'Ellington connaît un déclin dans les années 50. Le swing était une vieille rengaine et les germes du rock'n'roll commençaient à éclore, dépassant les sons d'avant-guerre. Aussi, un bon nombre de musiciens le quittent au profit d'autres groupes – même si l'inimitable Clark Terry le rejoint à cette période. C'est un concert au Newport Jazz Festival de 1956 qui ranime le tapage médiatique autour d'Ellington en chef d'orchestre – après une entrée en scène légendaire, il y mènera son orchestre jusqu’à point d’heure, faisant la une des journaux.
Ce concert, tourné à Paris en 1958, prend part à une tournée européenne autour du légendaire Ellington, et du nouveau buzz autour de sa musique. Le duc était bien connu des foules de Paris, une ville qu’il chérissait particulièrement (la France est la première à le considérer comme une célébrité, sans égard à sa race). Il y livre certaines de ses compositions les plus appréciées, avec énergie et mesure, comme « Caravan » et « Take the A Train », avec le brillant Clark Terry en soliste.