« Il n’y a sans jamais eu dans toute l’Europe de public aussi enthousiaste », voici en quels termes Norman Granz s’exprime au terme de cette merveilleuse prestation d’Ella Fitzgerald et d’une parade de stars à Bruxelles. Après avoir rejoint le label de Granz l’année précédente, le fameux recueil Songbook, fruit de leur collaboration, avait élargi le rayonnement mondial de la carrière de la chanteuse. Fermement opposé au racisme persistant en Amérique du sud, le producteur de jazz a lutté contre la ségrégation des publics.
À ce moment, Ella est au sommet de sa carrière ; à quarante ans, la noire américaine tire les ficelles du monde. À ses côtés sur scène, on trouve le bassiste Ray Brown (à qui elle sera mariée jusqu’en 1953), l’incomparable Oscar Peterson, le malicieux Herb Ellis, le métronomique Jo Jones, Roy Eldridge et bien d’autres. Au programme, quelques pépites au tempo lent comme « Angel Eyes » (Yeux d’ange) se mêlent à des classiques intemporels tels que « I Don’t Mean A Thing ». Un aperçu d’une voix pionnière au charisme imprenable, à même de combler une vingtaine de salles.