Gonzalo Rubalcaba a 31 ans quand il monte sur scène au festival d’été de piano de Munich. Le pianiste cubain s’est alors déjà fait un nom dans le monde du jazz en se produisant auprès de Charlie Haden, et a hâte de montrer qu’il a sa place parmi les meilleurs pianistes. Pourtant, au lieu de donner dans l’extravagance, le musicien choisit de faire ses preuves en formant son célèbre trio, au sein duquel il est libre de démontrer sa virtuosité tranquille et subtile.
Accompagné de son compatriote Julio Barreto à la batterie et de Ron Carter, le contrebassiste le plus prolifique de tous les temps, il reprend des morceaux des plus grands du jazz : Miles Davis, Charlie Parker, Benny Golson, Charles Mingus, Bud Powell et bien d’autres. Le programme est conçu pour plaire au plus grand nombre mais ce soir-là, le public munichois voit en Gonzalo Rubalcaba bien plus qu’un talentueux interprète : la dextérité de son touché, sa rythmique inventive et ses mariages mélodiques audacieux, qui feront de lui le précurseur des pianistes de latin jazz moderne, frappent déjà l’auditoire.