Connu comme le Charlie Parker du piano, Bud Powell a révolutionné la conception du jazz. Durant sa vie, il recevra autant les lauriers du succès qu'il aura à faire face aux épreuves. Ici en 1959, il vient tout juste de déménager à Paris après plus d'une décennie d'enregistrements avec le label Blue Note et des périodes d'hospitalisation (y compris l’électroconvulsivothérapie) – on avait diagnostiqué une schizophrénie. À Paris cependant, il est plus éblouissant que jamais dans l'une des derniers concerts enregistrés.
Le groupe qu'il dirige comprend l'inimitable Clark Terry à la trompette, un maître du swing et bebopper qui a joué avec quasiment tout le monde, de Duke Ellington à Count Basie, et a lancé des gens comme Quincy Jones et Miles Davis. Au programme, on trouve « Pie Hie » de Terry, « 52nd Street » de Thelonious Monk, « A Night in Tunisia » d’un des candidats principaux au Mount Rushmore du Jazz, Dizzy Gillespie, et « Crossing The Channel » de Powell, sur lequel le musicien expose son art de tisser les harmonies à une vitesse éclair.
Le film de concert, tourné par le spécialiste Jean-Christophe Averty, restitue la frénésie du groupe de jazz, attirant à lui les danseurs et jeunes artistes français qui les rejoignent sur scène. Jacques Thollot, un batteur français de 13 ans, considèrent ainsi Max Roach et Art Blakey comme des références et fait preuve d’un jeu très mûr pour son âge et d'une confiance rare.