Ce ne sont pas moins de neuf ans de travail, trois remaniements, plusieurs librettistes et de multiples réécritures qui donnent naissance, en 1814, à la version définitive du premier et unique opéra de Beethoven : Fidelio. Le compositeur, très attaché aux valeurs de liberté et de fraternité, fait de son œuvre l’incarnation d’un idéal qui met en scène le triomphe de l’amour sur la justice arbitraire et l’oppression politique. Alternant dialogues parlés et airs chantés, Fidelio est marqué d'une théâtralité propre au Singspiel - genre opératique allemand reprenant les codes de l’opéra-comique français. Le chœur Accentus et l’Insula orchestra vous proposent de redécouvrir ce chef d'œuvre lyrique dans une version plus moderne - et plus dramatique - que jamais, par une mise en scène de David Bobée et sous la baguette de Laurence Equilbey.
Tirée d’un fait divers se déroulant sous la terreur révolutionnaire française, c’est la pièce de Jean-Nicholas Bouilly, Léonore ou l’amour conjugal, qui inspire le livret de Joseph Sonnleithner. Dans une Espagne du XIIe siècle, Florestan est secrètement et injustement emprisonné par son ennemi politique Don Pizarro. Sa femme - Léonore - décide d’infiltrer la prison et se travestit en homme - Fidelio - afin de libérer son mari. Le premier acte s’ouvre sur le personnage de Fidelio qui, ayant gagné la confiance du geôlier Rocco et les faveurs de sa fille, apprend que Don Pizarro à l’intention de faire tuer son mari. L’homme, averti de l’arrivée imminente du ministre Don Fernando, vient donner l’ordre à Rocco d’éliminer Florestan, redoutant que son emprisonnement injustifié ne lui soit reproché. Si le geôlier s’y refuse, il est tout de même contraint de creuser la tombe avec l’aide de Fidelio. C’est seulement dans le deuxième acte que l’on découvre Florestan, accablé par la solitude et pleurant sa femme sur le sol de son cachot, qui se résigne à son sort. Alors que Don Pizarro surgit l’arme au point pour le tuer, il est épargné grâce au courage de Leonore qui s’interpose. S’ensuit l’arrivée soudaine de Don Fernando, qui met un point final aux manigances de Don Pizarro et marque la libération des prisonniers et la victoire triomphante des deux amants.
Une mise en scène épurée et contemporaine, qui souligne l’atmosphère oppressante de Fidelio et met en valeur les prestations poignantes du ténor français Stanislas de Barbeyrac (Florestan), de la soprano irlandaise Sinéad Campbell-Wallace (Leonore), du chanteur de lieder Christian Immler (Rocco) et du baryton viennois Sebastian Holececk (Don Pizarro).
Image © Vincent Pontet