La représentation d’Hippolyte et Aricie, en 1733, marque les débuts de Rameau, déjà quinquagénaire, dans le domaine de l’opéra. L’opus suit les règles de la tragédie-lyrique telles qu’elles ont été conçues par Lully ; soit un prologue, cinq actes et un thème mythologique agrémenté de scènes de danses et de chœurs. Cependant, cette version musicale de la Phèdre de Racine dépeint les passions humaines (et divines !) d’une façon chaleureuse et expressive inhabituelle au temps du Roi Soleil. En effet, ce chef d’œuvre lyrique a désarçonné son public parisien initial en raison d’une écriture confondante, riche d’étranges successions harmoniques et autres moyens d’expression musicale audacieux, qui ont révélé le génie dramaturgique de Rameau, déjà célèbre grâce à sa musique pour le clavecin et son très important Traité de l'harmonie réduite à ses principes naturels.
Dans cette somptueuse production de l’Opéra national de Paris, signée Ivan Alexandre, la formidable cheffe d’orchestre Emmanuelle Haïm est à la direction du Concert d’Astrée jouant sur instruments d’époque et d’une formidable distribution de chanteurs tels que la géniale Anne-Catherine Gillet en Aricie, le ténor Topi Lehtipuu en Hippolyte et l’incroyable Stéphane Degout en Thésée !