Après de nombreuses représentations à guichet fermé dans toute l’Europe, la trilogie acclamée Mozart / Da Ponte, du metteur en scène Ivan Alexandre et du chef d’orchestre Marc Minkowski fait un retour triomphant sur les planches de l’Opéra royal du Château de Versailles en 2023, une série à retrouver dans son entièreté sur medici.tv ! Sous la baguette de Minkowski, les merveilleux Musiciens du Louvre accompagnent des voix d'exception et redonnent vie au cycle d’opéras qui, avec la Tétralogie de Wagner, s’impose comme le plus célèbre du genre : Les Noces de Figaro, Don Giovanni et Così fan tutte — trois chefs-d'œuvre composés par Mozart et signés de la plume du librettiste Lorenzo Da Ponte, qui brillent par leur vivacité pétillante et leurs arias mémorables, véritables bijoux de l’opera-buffa.
Così fan tutte, joué pour la première fois en 1790, est le dernier opéra né de la collaboration entre Mozart et Da Ponte, et le seul de la trilogie à ne pas être basé sur une œuvre littéraire préexistante. Comédie consistant en un chapelet d’erreurs s'égrenant jusqu’à l’absurde, sa supposée frivolité dissimule en réalité une critique acérée des valeurs du siècle des Lumières, qui offre « des observations radicales sur la condition humaine », selon les mots du chef d’orchestre Jane Glover pour le magazine The Guardian. Les soldats Guglielmo (Florian Sempey) et Ferrando (James Ley), mis au défi par le cynique Don Alfonso (Alexandre Duhamel, tout juste sorti de son rôle dans Don Giovanni), se déguisent pour tester la fidélité de leurs fiancées, les sœurs Dorabella (Angela Brower) et Fiordiligi (Ana Maria Labin), avec l’aide de l’espiègle servante Despina (Miriam Albano) — mais tous risquent d'être confrontés à une plus grande dose de réalité qu'ils ne l’avaient escompté…
Chaque air de cet opéra est tout à fait remarquable, mais il est certain que la pure beauté du trio « Soave sia il vento » (Acte I) a de quoi couper le souffle. Parmi les autres bijoux présents dans cette œuvre, il nous faut également citer l’aria pour soprano colorature « Come scoglio » (Acte I) de Fiordiligi qui, réunissant ses esprits, tente de résister à la tentation ; où encore Despina, exhortant les sœurs à céder aux avances de leurs prétendants déguisés (« Una donna a quindici anni ») ; et, bien entendu, le final grinçant, véritable coup de théâtre où les travers se dévoilent, et où les faiblesses humaines sont pardonnées.
Photo © David Ruano / Liceu Opera Barcelona