Né au cœur de Paris en 1803, Adolphe Adam fait tout pour suivre son destin de musicien, malgré les réticences de sa famille. Son père, le musicien Jean-Louis Adam, compositeur et professeur de piano au Conservatoire de Paris, ne souhaite pas que le jeune Adolphe se consacre à une carrière musicale, bien qu’il ait été son premier précepteur. Adolphe Adam, lui, ne compte pas renoncer à sa passion et se cache de son père pour étudier la musique. Ennuyé par les études académiques, il déserte les cours avec son acolyte Eugène Sue, qui deviendra plus tard son librettiste. Cette formation à l’abri des regards porte ses fruits et il intègre à 14 ans la classe du compositeur François-Adrien Boieldieu, célèbre pour ses opéras raffinés et plein d’humour qui séduisent un auditoire parisien lassé par la tragédie lyrique. Pendant ses études de musique, Adolphe Adam n’a qu’un seul but : devenir un compositeur célèbre. 1825 sera une année décisive pour le jeune compositeur. Avec sa Cantate Ariane, il remporte le second prix de Rome derrière un certain Albert Guillon. Cette même année, son ancien professeur Boieldieu lui confie des travaux d’écriture pour son opéra-comique La Dame Blanche. Adolphe Adam réalise aussi une transcription pour piano de cet opéra, aujourd’hui encore considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de Boieldieu. Adolphe-Adam suivra donc l’esthétique de son maître en écrivant de nombreux opéras comiques qui furent souvent auréolés d’un succès vif, mais bref. Un autre genre cher au compositeur français est bien sûr le ballet, dont Giselle, qui reste encore aujourd’hui l’un des ballets romantiques les plus dansés au monde. En tout, il composa pas moins de 44 opéras-comiques et 14 ballets ainsi que de nombreuses autres pièces parmi lesquelles des vaudevilles, des œuvres de musique sacrée ou encore des morceaux de piano. En parallèle de cette carrière prolifique en composition, Adolphe Adam succède à son père au poste de professeur de piano au Conservatoire de Paris. Le compositeur français s’adonne aussi à l’écriture d’articles, activité qu’il commence pour rembourser des dettes liées à la fermeture des théâtres pendant la Révolution et qu’il poursuit par goût jusqu’à sa mort en 1856.
Adolphe Adam, un compositeur prolifique d’opéras-comiques
Le Prix de Rome marque un tournant dans la trajectoire d’Adolphe Adam : le disciple talentueux devient peu à peu un compositeur très apprécié du public. En 1826, Adam décide de voyager pour élargir ses horizons musicaux aux Pays-Bas, en Allemagne et en Suisse. Il fait à Genève la rencontre du dramaturge et librettiste français Eugène Scribe, qui lui confie deux livrets. Ainsi, Adolphe-Charles Adam a de quoi se plonger dans son répertoire de prédilection, l’opéra-comique, et il compose son premier opéra du genre, Le mal du pays ou La batelière de Brientz, qui sera donné au Théâtre du Gymnase le 28 décembre 1827. Un an plus tard, le compositeur rencontre un certain succès avec Pierre et Catherine créé à l’Opéra-Comique de Paris. Le caractère léger et coloré de sa musique attire les foules et cette œuvre reste à l’affiche le temps de 80 représentations. Ses collaborations avec l’Opéra-Comique se poursuivent donc avec Danilowa, Trois jours en une heure, Les Trois Catherine, Joséphine ou Le Retour de Wagram en 1830, puis Le Grand Prix ou Le Voyage à frais communs, Le Morceau d’ensemble et Casimir en 1831. Le contexte de la révolution de Juillet bouleverse la vie musicale parisienne et les théâtres doivent fermer pour un temps. Cette interruption subite amène Adolphe-Charles Adam à poursuivre sa carrière à l’étranger. Il quitte donc sa ville natale pour rejoindre Londres, où habite son beau-frère, directeur du King’s Theatre. Là-bas, il créé deux opéras-comiques : His First Campaign (Sa première Campagne) et The Dark Diamond (Le Diamant noir), donnés en 1833 au Covent Garden de Londres. Il clôt cette parenthèse anglaise un an plus tard et retourne à Paris poursuivre sa collaboration avec l’Opéra-Comique. Travailleur acharné, il écrit de nombreux opéras mais ce n’est qu’en 1834 qu’il rencontre son grand succès avec Le Chalet, un opéra-comique en un acte sur un livret d’Eugène Scribe et Mélesville. Le Chalet, qui s’inspire de sa cantate Ariane qui lui avait valu le second Prix de Rome, sera donné régulièrement pendant plusieurs décennies à l’Opéra-Comique, au point d’atteindre le nombre de 1000 représentations en 1873. Sa carrière de compositeur d’opéras est alors à son apogée, et en 1936 est créé Le Postillon de Longjumeau, qui devient un opéra emblématique du genre, en France et à l’étranger (un certain Wagner dirigera cet opéra-comique à Riga !) Le Postillon de Longjumeau lui vaut aussi la reconnaissance de ses aînés, et notamment de son maître Boieldieu, qui lui écrira : « J’aurais voulu qu’il fût de moi ». Adolphe-Charles Adam continuera d’écrire de nombreux opéras-comiques jusqu’à la fin de sa vie. Parmi ces œuvres, Si j’étais Roi, créé au Théâtre Lyrique en 1852, convainc particulièrement le public et sera repris à l’étranger, notamment à Turin et Bruxelles. Les nombreuses compositions vocales d’Adolphe-Charles Adam ne se limitent pas à l’opéra. Il écrit aussi des chansons et un cantique resté célèbre : son Cantique de Noël, renommé Minuit, Chrétiens, est encore souvent chanté comme chant d’entrée à la Messe de Minuit.
Adolphe Adam, maître du Ballet Romantique
En plus de ses nombreux opéras, les 14 ballets d’Adolphe-Charles Adam, empreints d’une grande modernité, marquent un tournant esthétique indéniable. Alors que la musique de ballet se contentait d’accompagner l’action, le compositeur français en fait un élément dramatique essentiel : il utilise notamment des leitmotivs, ces motifs mélodiques récurrents qui donnent à la pièce une unité et une puissance narratives. Troisième ballet après La Chatte blanche (1830) et Faust (1833), La Fille du Danube, dont la création a lieu à l’Opéra de Paris en 1836, connaît un certain succès en France et à l’étranger. La langue française étant à la mode en Russie, ce ballet sera donné un an plus tard au Théâtre du Bolchoï. Puis, en 1841, avec son ballet particulièrement novateur, Giselle, le compositeur français apporte une nouvelle dimension à la musique de ballet, avec la présence de leitmotivs. Cette œuvre devient une référence du ballet romantique, à tel point que Tchaïkovski relisait Giselle avant d’écrire un nouveau ballet. Il écrivit d’ailleurs ceci à propos de Giselle : « C’est un bijou poétique, musical et chorégraphique ». Le Corsaire, dernier ballet du compositeur, créé à l’Opéra de Paris en 1856 quelques jours seulement avant sa mort, lui vaudra l’admiration de ses pairs et restera dans la postérité. Inspiré d’un poème de Byron, Le Corsaire impressionne par son intensité dramatique. La chorégraphie originale de Joseph Mazilier est restée légendaire, notamment pour son célèbre pas de deux, particulièrement virtuose.