La musique de Johannes Brahms est au cœur du répertoire de tout ensemble symphonique, et elle était certes essentielle pour Charles Munch. Pendant les années où il fut violoniste et instrumentiste d'orchestre en Allemagne, il joua sûrement toutes les œuvres de Brahms, et la Symphonie n°1 figurait au programme de son premier concert à Paris en 1932, l'événement qui lança sa prestigieuse nouvelle carrière de chef d'orchestre.
Au cours des treize saisons où il fut directeur musical de l'Orchestre symphonique de Boston, Munch dirigea les quatre symphonies de Brahms, ses deux concertos pour piano, le concerto pour violon, le double, les Variations d'Haydn, l'Ouverture pour une fête académique, l'Ouverture tragique et le Requiem allemand. Les statistiques des exécutions des symphonies de Brahms par Munch avec l'Orchestre symphonique de Boston sont impressionnantes, et même stupéfiantes en ce qui concerne l'une d'elles : quarante-trois exécutions de la remière, soixante-deux de la seconde, cinquante-six de la quatrième.
Les versions du présent programme datent de la fin de la période bostonienne de Munch ; quand la Symphonie n°1 fut retransmise à la télévision, il venait d'avoir soixante-dix ans. Sa santé déclinait depuis longtemps mais une fois qu'il se trouvait sur l'extrade, sa concentration, son énergie et son endurance étaient remarquables. Sur chaque plan du chef, le plaisir que lui procurait la musique est manifeste. Dans les mouvements animés, comme le trio du Scherzo de la Symphonie n°2, sa joie de diriger crève l'écran.
Source : Richard Dyer
Traduction : David Ylla-Somers