Un concert exceptionnel pour la célébration du 85e anniversaire de Pierre Boulez.
Peu de compositeurs au 20e ont eu une influence aussi importante sur l'histoire de la musique que celle exercée par Pierre Boulez durant sa carrière. Dès ses années d'études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, Pierre Boulez est remarqué par Olivier Messiaen, alors professeur de composition. Celui-ci l'invite à explorer de nouvelles voies musicales. Très vite, le jeune compositeur s'impose comme l'une des figures majeures de l'avant-garde musicale, aux côtés de Karlheinz Stockhausen, John Cage ou encore Luciano Berio.
À l'occasion du 85e anniversaire de Pierre Boulez en 2010, le Berliner Staatsoper a invité Daniel Barenboïm et son orchestre, le West-Eastern Divan Orchestra, à célébrer cet événement en exécutant trois des œuvres majeures du compositeur français. Messagesquisse, créé en 1976 à l'occasion du 70e anniversaire du mécène suisse Paul Sacher, est une œuvre dont le motif principal est formé à partir du nom du destinataire (selon la terminologie musicale allemande S = mi bémol, A = la, C = do, H = si bécarre, etc.). Dès les premières mesures, chacun des six violoncelles formant l'ensemble instrumental énonce tour à tour et en se superposant les différentes notes du motif, jusqu'à l'arrivée du soliste, ici le violoncelliste égyptien Hassan Moataz, qui développe autour de ce thème initial. Anthèmes 2, deuxième œuvre de ce concert, explore les possibilités offertes par les outils électroniques en les conjuguant avec les modes de jeux traditionnels d'un violon solo, dont la virtuosité est ici brillamment portée par Michael Barenboïm. Dernière œuvre, Le marteau sans maître vient couronner ce concert. Œuvre magistrale sur des textes de René Char pour ensemble instrumental et contralto (Hilary Summers), Le marteau sans maître renouvela la composition sérielle en la libérant d'une application trop stricte du principe formulé par son créateur Arnold Schoenberg, et tourna, ainsi, une page de l'histoire de la musique.
Photo : © Thomas Bartilla