Pierre Boulez est l'un des plus grands chefs d'orchestre, compositeurs et théoriciens du 20e siècle. Il a révolutionné l'interprétation de la musique de grands compositeurs comme Mahler, Debussy, Bartók, Ravel et Stravinsky, et a participé à transformer le paysage musical parisien en étant à l'origine de grands projets comme l'Opéra Bastille, l'IRCAM et la Philharmonie de Paris. Il est mort le 5 janvier 2016 à Baden-Baden à l'âge de 90 ans.
Né en 1925, Pierre Boulez suit les cours d'harmonie d'Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris et la technique dodécaphonique avec René Leibovitz. Il est nommé directeur de la musique de scène à la Compagnie Renaud-Barrault en 1946. Soucieux de la diffusion de la musique contemporaine et de l'évolution des rapports du public et de la création, Pierre Boulez fonde, en 1954, les concerts du Domaine Musical (qu'il dirige jusqu'en 1967), puis en 1977 l'Institut de Recherche et de Coordination acoustique/musique (IRCAM) et en 1975 l'Ensemble intercontemporain.
Parallèlement, il entame une carrière internationale de chef d'orchestre et est nommé, en 1971, chef permanent du BBC Symphony Orchestra et directeur musical du New York Philharmonic Orchestra. Directeur de l'IRCAM jusqu'en 1991, professeur au Collège de France de 1976 à 1995, Pierre Boulez est l'auteur de nombreux écrits sur la musique.
Il est l'invité régulier des festivals de Salzbourg, Berlin, Edimbourg, Lucerne, Aix-en-Provence et dirige régulièrement les grands orchestres de Londres, Chicago, Cleveland, Los Angeles, Vienne ainsi que l'Ensemble intercontemporain avec lequel il effectue de nombreuses tournées.
En 1976, Pierre Boulez est invité à Bayreuth pour diriger la Tétralogie de Wagner, mise en scène par Patrice Chéreau, pour la célébration du centenaire de l'œuvre. Cette production sera présentée durant cinq années consécutives et fera l'objet d'un enregistrement discographique et vidéo.
En 1979, il dirige, à l'Opéra national de Paris, la première mondiale de la version intégrale de Lulu d'Alban Berg. L'année 1995, celle de son soixante-dixième anniversaire, est marquée par un cycle de concerts pour l'inauguration de la Cité de la musique, une tournée mondiale avec le London Symphony Orchestra, une série de concerts au Japon et la production de Moïse et Aaron de Schoenberg à l'Opéra d'Amsterdam (mise en scène de Peter Stein). En automne 1996, il effectue une grande tournée en Amérique latine à la tête de l'Ensemble intercontemporain.
Après les concerts pour le vingtième anniversaire de cet ensemble en janvier 1997, une nouvelle production du Rossignol de Stravinsky avec l'Orchestre de Paris et du Pierrot Lunaire de Schoenberg au Théâtre du Châtelet dans une mise en scène de Stanislas Nordey, il arrête la direction d'orchestre durant une année, de mars 1997 à mars 1998 pour se consacrer à la composition. Sur Incises est créé en 1998 au festival d'Edimbourg et Notations VII en 1999 par Daniel Barenboim à Chicago.
Pierre Boulez reprend ensuite son intense activité de chef d'orchestre dirigeant, entre autres, les orchestres de Cleveland, Chicago et Vienne et effectue des tournées avec l'Ensemble intercontemporain et le London Symphony Orchestra. Invité au Festival d'Aix-en-Provence en juillet 1998, il y dirige une nouvelle production du Château de Barbe-Bleue de Bartók dans une mise en scène de la chorégraphe Pina Bausch. En 2000, année de son soixante-quinzième anniversaire, une grande série de concerts avec le London Symphony Orchestra en Europe et aux États-Unis met en perspective le répertoire orchestral du 20e siècle.
Il reçoit ensuite le Grammy Award pour la meilleure composition contemporaine pour Répons, dirige pour la première fois la Neuvième symphonie de Bruckner avec les Vienner Philharmoniker à Linz, au Carnegie Hall de New York et à Salzbourg et donne une grande série de concerts d'œuvres de Bartók avec l'Orchestre de Paris, puis anime un atelier d'une semaine sur Le Marteau sans maître à Carnegie Hall.
Compositeur en résidence au Festival de Lucerne 2002, il y dirige la création de Dérive II. On le retrouve ensuite au Festival d'Aix-en-Provence et aux Festwochen de Vienne où il dirige Renard de Stravinsky, Les Tréteaux de Maître Pierre de Falla et Pierrot Lunaire, dans une mise en scène de Klaus-Michael Grüber. Il retourne à Bayreuth en 2004 et 2005, pour y diriger Parsifal, dans une mise en scène de Christoph Sclingensief.
Tout à la fois compositeur, auteur et chef d'orchestre, Pierre Boulez s'est vu décerner les distinctions les plus prestigieuses : Prix de la Fondation Siemen, Prix Leonie Sonning, Praemium Imperiale, The Polar Music Prize, Wolf Prize of Israel, Kunstpreis Berlin, le Grawemeyer Award pour son œuvre Sur Incises…
Son catalogue comprend une trentaine d'œuvres allant de la pièce soliste (Sonate pour piano, Dialogue de l'ombre double pour clarinette, Anthèmes pour violon) aux œuvres pour grand orchestre et chœur (Le Visage nuptial, Le Soleil des eaux) ou pour ensemble et électronique (Répons, ...explosante fixe...).
En 2008 il est le grand invité du Musée du Louvre qui présente un mois d'événements, dont un concert qu'il dirige sous la pyramide avec l'Orchestre de Paris.
En 2015, pour son quatre-vingt-dixième anniversaire, et moins d'un an avant sa mort, les orchestres et artistes à travers le monde lui rendent de vibrants hommages. Une grande exposition à la toute nouvelle Philharmonie de Paris (dont il a été le fervent initiateur) est notamment consacrée à son prodigieux parcours.
Il a longuement enregistré chez Deusche Grammophon, chez qui est sorti en 2010 un coffret d'œuvres de Szymanowski avec le violoniste Christian Tetzlaff, le Wiener Singverein et le Wiener Philharmoniker.
Parmi ses compositions les plus importantes, on peut citer :
- Dialogue de l'ombre double pour clarinette
- Soleil des eaux
- Répons
- Le Marteau sans maître
- Structure pour deux pianos
- Messagesquisse
- Notations