Les Arts Florissants et Paul Agnew arrivent à la fin de leur vaste projet d'interprétation de l'intégrale des madrigaux de Monteverdi. Ils reviennent dans ce programme à la salle des concerts de la Philharmonie 2 pour ce concert dédié à la première partie du Huitième Livre, les « madrigaux guerriers », retransmis en direct sur medici.tv.
En point d'orgue du projet qu'ils mènent depuis quatre ans, les Arts Florissants interprètent un monument de la production madrigalesque de Monteverdi avec ce Huitième Livre partagé entre Guerrieri et Amorosi. Derniers madrigaux publiés de son vivant en 1638 à Venise, près de vingt ans après le Septième Livre, ce sont les madrigaux les plus denses et les plus remarquables du compositeur. Alors que les premiers livres sont composés selon la forme classique du madrigal polyphonique, Monteverdi institue en ce Huitième Livre un madrigal aux contours baroque et concertant à travers le genre de la monodie accompagnée : la basse est continue, la mélodie s'enrichit de tessitures qui s'amplifient, donnant ainsi plus de variations à cette interprétation dramatique.
Le cœur bardé d'une fidélité adamantine,
Au royaume d'Amour,
Je viens comme soldat.
Je combattrai le ciel et le sort,
Je lutterai contre la mort,
Car, guerrier intrépide,
Si je n'ai pas la victoire, je ne veux pas de la vie.
(« Armato il cor d'adamantina fede »)
C'est le thème de l'agitation causée par les blessures de l'amour qui domine ces madrigaux guerriers, composés sur le texte de La Jérusalem du Tasse, relatant le récit du combat de Tancrède et Clorinde qui est l'un des deux grands ballo (pièce musicale qui sera mise en espace) de ce livre. Monteverdi compose Il combattimento di Tancredi e Clorinda en 1608 pour Vincenzo Gonzaga de Mantoue.
Monteverdi introduit une autre nouveauté dans sa composition, le stile concitato : la phrase musicale sert le mot précis, exprimant l'agitation, la terreur au cœur du combat mortel raconté dans ces madrigaux.