À entendre la profondeur, la maîtrise et la richesse de la mélodie qui caractérisent les œuvres symphoniques et chorales de Schubert, l’on pourrait penser qu’il s’agit là des compositions d’un artiste d’un âge vénérable. Mais tout comme Mozart, décédé à l’âge de 35 ans, Schubert a été un musicien extrêmement prolifique en seulement trente-et-un ans d’existence, comme s’il avait senti que son temps était compté.
Sa merveilleuse Symphonie n° 8, dite « Inachevée », ne comporte que deux mouvements au lieu des quatre traditionnels, mais il se pourrait en réalité que ce soit ce qui était prévu. En effet, bien que l’on ait retrouvé une solide ébauche d’un troisième mouvement, certains spécialistes pensent que le compositeur lui-même l’a retiré de l’œuvre. La Symphonie « Inachevée » est un chef-d’œuvre, dont l’Orchestre symphonique de la NDR dirigé par Sylvain Cambreling parvient parfaitement à faire transparaître la mélancolie quasi autobiographique si l’on considère la santé fragile de Schubert et ses déceptions amoureuses.
Le concert prend fin avec la Messe n° 6, la dernière du maître viennois. Inspirée de Beethoven (Schubert avait d’ailleurs assisté à ses funérailles), cette monumentale messe solennelle en mi bémol évoque également Bach, Haydn et Mozart et semble préfigurer le Requiem de Verdi ainsi que les grandioses messes de Bruckner dans sa richesse harmonique, l’ingéniosité de son contrepoint, l'alternance des chœurs, des solos et des sections orchestrales. Découvrez cette merveille de musique sacrée au cours de ce concert de 1997, enregistré à l’abbaye de Zwiefalten avec le Chœur et l’Orchestre de la NDR et un casting impressionnant de solistes (parmi lesquels un ténor superstar, au tout début de sa brillante carrière...).