Steinberg était très admiré pour sa grande musicalité; l'étendue de son répertoire, qui comprenait beaucoup de musique contemporaine; la clarté et la précision de sa technique; son humour et sa cordialité de fumeur de pipe; et sa façon de nouer des relation respectueuses et solides avec les musiciens.
Il était chef invité, sous la direction musicale de Charles Munch, quand il dirigea la Huitième Symphonie de Brukner lors de ce concert retransmis à la télévision depuis le Sanders Theater à Harvard University le 9 janvier 1962. L'interprétation a ceci de particulier que Steinberg aurait choisi la révision de la symphonie faite par Bruckner en 1980 avec l'aide de son élève et protégé Josef Schalk. C'est la version que préféraient d'importants chefs de la génération de Steinberg.
Cinquante ans plus tard, on sent que cette interprétation reste extrêmement convaincante. Steinberg dirige par cœur, les yeux souvent fermés; il n'est pas dans son propre monde, mais dans celui de Bruckner. Rien ne paraît précipité ou forcé.
Les critiques de ce concert furent enthousiastes, et le public du Sanders Theatre répondit généreusement, rappelant à plusieurs reprises Steinberg, qui monta les marches raides de l'estrade encore et encore. Il y fut accueilli par un spectacle aussi inhabituel alors qu'il l'est aujourd'hui: un orchestre tapant avec ses archets et se joignant au public pour son ovation.